Match point (2004) Woody Allen
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Match point (2004) Woody Allen
Une tragédie grecque à Londres, ça Woody ?
Au début des années 2000, Woody Allen quittait son New York natal pour aller s’acoquiner à Londres. Et bonne nouvelle, il semblait alors avoir retrouvé du poil de la bête en rompant avec un style qui commençait sérieusement à s’émousser au vu de ses films précédents. Pour mémoire, il avait précédemment tourné des comédies sympathiques mais qui peinaient à convaincre, tels Hollywood ending ou Melinda et Melinda. Dans Match point, si les protagonistes sont toujours des nantis, le ton n’est plus à la comédie douce amère mais à la tragédie sarcastique et désabusée. Il débute qui plus est une collaboration qui s'avèrera fructueuse avec Scarlett Johansson.
Le héros n’est absolument pas un double du réalisateur (qui ne joue pas dans son film), puisqu’on a à faire à un jeune arriviste, professeur de tennis bellâtre et prêt à tout pour se hisser dans la bonne société londonienne. Pour ce faire, il va user de charme et de prétextes auprès d’une famille huppée, toute en apparences et pas en reste de prétentions vaines. Il va ainsi se lier d'amitié avec le fils de famille et séduire sa sœur. Le grain de sable dans ce rouages apparemment bien huilé s’appelle Nola, jeune actrice américaine sexy comme pas deux, et accessoirement fiancée encombrante. Des relations troubles ne vont pas tarder à naître au sein de ce quatuor.
Sur cette toile de fond, Woody Allen va développer ses thèmes de prédilection, en particulier la culpabilité et la rédemption chers à Fiodor Dostoïevski. Car le scénario de Match point est une variation de Crime et châtiment, ce qui le rapproche de l’excellent Crimes et délits, tout en s'en éloignant par certains aspects. Le hasard est ici aussi de la partie, et il prend la forme de la chance qui intervient ou non au bon moment, déclenchant ou pas des conséquences plus ou moins désastreuses. Mais la réflexion n’est absolument pas pesante : elle intervient pour étayer le récit tout naturellement dans un scénario original et plein de rebondissements.
Une des excellentes surprises de Match point se trouve côté casting : avec l’irlandais Jonathan Rhys-Meyers (caliente) et la tendance des années 2000, Scarlett Johansson, ce qui fait un cocktail détonant de fraîcheur et de glamour. Ils possèdent tous les deux un potentiel érotique sensible tout le long du film et développent une belle palette d’émotions, tout en finesse. Comptons sur Woody Allen pour agrémenter son film de seconds rôles excellents, ici Emily Mortimer et Matthew Goode, sans oublier les so british Brian Cox et Penelope Wilton. Tous sont au diapason d'un long-métrage qui s'appuie sur eux, et l'on peut compter sur le réalisateur pour bien les diriger.
Les photos de Londres sont magnifiques, et sublimées par le chef opérateur d'Elizabeth, et l'on pourra prêter attention avec malice au petit hommage modernisé qui est rendu à un classique du réalisateur, à savoir Manhattan. La bande originale de Match point ravira les amateurs d’opéra, avec sur le papier un casting une fois de plus très chic, puisqu'on y entend très souvent Enrico Caruso. On pourra noter une remarquable scène en forme d'apogée sous l'égide de l'Otello de Giuseppe Verdi. Bref, avec cet opus, Woody Allen nous prouvait alors qu’il n’avait pas finit de nous étonner et que son regard cynique sur ses concitoyens n’avait pas perdu de son éclat.