Pecker (1998) John Waters
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Pecker (1998) John Waters
Candide au pays des faux-culs
Quoi qu’on dise, il faut bien se résoudre à l’évidence : le roi du trash, nommé John Waters, s’est doucement assagi à partir des années 1990, périodeoù arrive Pecker dans les salles obscures. C’est quand même ce monsieur qui avait osé dans les années 1970 réaliser un film en odorama (Polyester) et dont l’actrice fétiche était un travesti portant le bien nommé pseudonyme de Divine. Ce qui donne déjà un aperçu de la fantaisie du personnage, sans parler des films en eux-même. Peu à peu devenu tendance, il s’offre des castings plus bankable avec Johnny Depp ou Kathleen Turner et police son ton, sans tomber dans la guimauve non plus.
Le début
Dans une banlieue tranquille de la ville de Baltimore, un jeune homme de 18 ans, Pecker, travaille dans une sandwicherie et prend en photo ses proches. Il a une petite copine, Shelley, un tantinet obsessionnelle, qui travaille dans une laverie automatique, tandis que sa mère, Joyce, propose, dans sa friperie, des conseils de relooking à des sans-abris. Il a une grand-mère, Memama, qui utilise une statue représentant la Vierge Marie pour discuter avec elle, tandis que sa grande sœur Tina est barmaid dans un club de strip-tease gay. De son côté à sa petite sœur, Chrissy, a des troubles alimentaires, et son meilleur ami est un petit voleur à la tire.
Analyse
La preuve avec ce Pecker, qui est tout de même un synonyme de cock et signifie donc bite, pour les non-anglophones, l’histoire d’un photographe amateur de Baltimore, ville natale du réalisateur, qui va devenir en quelques temps la coqueluche du petit monde artistique new-yorkais sans avoir rien demandé à personne, et dont tout l’entourage va pâtir de cette soudaine notoriété. Il y a encore ici une volonté de secouer le cocotier intello-artistique, en se servant justement de leurs armes. N’est-ce pas en dynamitant un système de l’intérieur qu’on est le plus efficace ?
Alors bien sûr Pecker n’a pas cette ambition mais si John Waters s’est acoquiné avec les studios il n’en profite pas moins pour faire un portrait satirique à souhait des milieux pseudo-branchés de New-York. Et de nous montrer en contrepoids un univers attachant et burlesque, celui des proches de Pecker, à sacoir Edward Furlong, parfait en naïf adolescent qui se fait manipuler. On a une grande sœur barmaid dans un club gay et qui appelle tout le monde Mary, une petite sœur accro au sucre et passablement peste, une grand-mère qui joue à la ventriloque avec une statue de la Vierge en croyant dur comme fer à un miracle.
Ainsi faut-il entendre cette mamie murmurer « full of grace, full of grace » avec un regard plein de dévotion pour se faire une idée du burlesque de la situation. Et John Waters de porter dans Pecker un regard plein de tendresse sur ce petit univers, sans jugement aucun. Christina Ricci est particulièrement convaincante en gérante de laverie jalouse d’un petit ami qui prend peu à peu la grosse tête, les situations cocasses s’enchaînent, on rit de bon cœur sans prise de tête. Un bon moment à passer, en somme, où l'on constate que même atténuée, la verve de John Waters est toute même percutante et sa langue assez bien pendue.