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Bohemian rhapsody (2018) Bryan Singer

Bohemian rhapsody (2018) Bryan Singer

Published Jan 6, 2021 Updated Jan 6, 2021 Culture
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Bohemian rhapsody (2018) Bryan Singer

Will we rock you ? 

La production de Bohemian rhapsody, supervisée par les musiciens Brian May et Roger Taylor, fut longue et chaotique. Dès le début des années 2010, des rumeurs font l’état d’un projet de film consacré au groupe anglais Queen, et dont l’incarnation du personnage principal, le charismatique chanteur Freddie Mercury, serait dévolue à Sacha Baron Cohen. Des divergences le contraignent à quitter l’aventure, compromettant le financement du projet et occasionnant de nombreuses prises de paroles virulentes entre les anciens membres du groupe et l’interprète de Borat. On évoque alors la participation de  Daniel Radcliffe, de Dominic Cooper ou de Ben Whishaw avant que Rami Malek, l’acteur de Mr. Robot d’origine égyptienne, ne soit officiellement pressenti. Côté mise en scène, le réalisateur de Usual suspects et des X-men, Bryan Singer, débute le tournage avant d’être remplacé en pleine affaire Weinstein par Dexter Fletcher. Le film sera un succès au box-office et vaudra à l’interprète principal un Oscar.

Farrokh Bulsara travaille à la logistique de l'aéroport londonien d'Heathrow et habite avec ses parents, d’origine parsi, et sa sœur. Le week-end, il va au pub pour écouter un groupe, Smile quand un soir, leur chanteur décide de se séparer d’eux. Farrokh saisit l’occasion pour proposer au guitariste, Brian May, et au batteur, Roger Taylor, de le remplacer. Ils se moquent de sa dentition avant que le jeune homme ne les convainc en interprétant une de leurs chansons. Rejoints par le bassiste John Deacon, ils entament des concerts dans divers petits établissements, se déplaçant de salle en salle avec une camionnette que Farrokh décide de vendre afin de payer la séance d’enregistrement de leur premier album. Un producteur les surprend et décide de lancer ce groupe, dont le nom est dorénavant Queen et le chanteur s’appelle Freddie Mercury, au grand dam de son père. Il propose bientôt en mariage Mary, une jeune femme qu’il avait rencontrée dans les coulisses d’un concert.

Les amateurs de Queen se sont émus des nombreuses incohérences qui émaillent Bohemian rhapsody. S’il est d’usage dans un biopic de raccourcir la temporalité et de simplifier les faits, cela n’en est pas moins préjudiciable au long-métrage. D’autant plus que les initiateurs du projet, Brian May et Roger Taylor, sont deux des membres historiques du groupe de rock, John Deacon ayant choisi depuis vingt ans de ne plus apparaître dans la sphère publique. Si l’on ajoute à cela la personnalité forte et excentrique de Freddie Mercury, atteint du Sida et dont la mort en 1991 scelle le destin du groupe, cela permet d’éclairer la production tumultueuse du film, et les attentes forcément déçues des fans. Reste que les libertés prises par le scénario peuvent se révéler problématiques quand elles concernent la personnalité même d’un héros décédé, tel ce choix artistique d’atténuer, voire de gommer son côté subversif, film grand public oblige.

Ce que l’on peut principalement reprocher à Bohemian rhapsody est son manque de subtilité, tant au niveau du scénario que de la mise en scène. Raconter en deux heures les quinze années de succès d’un groupe légendaire n’est pas aisé. Mais cela relève d’un parti-pris artistique, quand d’autres biopics se concentrent sur une année ou une période bien définie. Dans ce cas, le choix de n’évoquer la dernière période que par quelques carton à la fin se révèle discutable. De même pourrait-on remettre en cause la fictionnalisation à l’extrême de la rivalité entre les membres du groupe alors qu’ils ne se sont jamais réellement séparés et que Roger Taylor s’était lancé en solo avant Freddie Mercury. Quant à la romance de celui-ci avec Mary Austin, qui au passage sortait avec Brian May avant lui, elle est largement amplifiée dans des scènes où les violons sont par trop appuyés. L’usage abusive des travellings et de certains gros plans ajoutent quant à eux à la lourdeur de la mise en scène.

Le plaisir que l’on peut ressentir devant Bohemian rhapsody tient toutefois à l’usage prédominant de la musique, ce qui est la moindre des choses pour un film où celle-ci tient un rôle prépondérant. Quasiment aucun des succès des Queen n’est oublié, même s’ils sont toujours écourtés. Le tour de force du long-métrage reste le concert final, une reconstitution de la performance que le groupe a donnée lors du Live Aid, ce concert du 13 juillet 1985 organisé par Bob Geldof et Midge Ure afin de lever des fonds pour soulager la famine éthiopienne et plus discrètement  (ce qui est tu dans le film), pour la recherche contre le Sida. Bien qu’il se donne à fond durant tout le long-métrage, c’est là où culmine la performance, certes assez peu discrète, de Rami Malek. Même si à trop vouloir ressembler à son personnage, son interprétation frise le mimétisme, on ne peut nier la fougue et l’entrain que l’acteur provoque. Ainsi, si l’on ne peut s’empêcher d’être déçu, on sort du film la tête pleine de mélodies entraînantes et entêtantes.

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