Douches froides (2004) Antony Cordier
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Douches froides (2004) Antony Cordier
Émois, émois, émois...
Premier film d'Antony Cordier, Douches froides a été présenté au festival de Cannes 2005 à la Quinzaine des réalisateurs. Tourangeau issu du milieu ouvrier, le réalisateur s'est entouré d'un casting qui oscille entre révélations, telle que Johan Libéreau, confirmations comme Salomé Stevenin et consécration pour Florence Thomassin. Le thème principal du film, l'adolescence, est au cinéma ce que sont les embouteillages estivaux au journal de 20 heures : un marronnier. Régulièrement apparaît sur les écrans un nouveau film sur le thème de l'apprentissage de la vie d'un jeune ou d'un groupe de jeunes. Faut-il pouvoir se démarquer dans cette multitude.
Le début
Alors qu'il va passer le baccalauréat, Mickael est plutôt épanoui. Bien que ses parents aient souvent des problèmes financiers et que leur couple bat de l'aile, Mickael s'en fiche. Il se plaît dans son lycée et a une petite amie, Vanessa. Capitaine de l'équipe de judo, il voit un jour arriver un nouveau, Clément Steiner, qui est le fils d'un riche homme d'affaires. Lors d'un entraînement, Mickael blesse un des membres de son équipe, qu'il doit bientôt remplacer lors des championnats d'Europe. Pour ce faire, il doit perdre de nombreux kilos, et en contrepartie Clément prendra sa place dans la compétition. Tandis que Mickael se sent de plus en plus faible, il noue de plus en plus de liens avec Clément.
Analyse
Le début de Douches froides est alléchant, on y trouve une nouvelle façon de traiter le sujet de l'adolescence et de ses tourments, ainsi qu'une approche esthétique originale. Nous sommes embarqués en plein dans cet univers bouillonnant où le moindre évènement est propice au déchaînement des sens et des passions. Les corps se touchent, les esprits s'échauffent, on se défoule comme on peut, dans cette ambiance où le sport sert de défouloir. L'angle du corps à la fois qui exulte, que l'on découvre, mais aussi qui est empêché, avec la figure de ce personnage principal en proie à une maladie, qu'il provoque, est particulièrement intéressant.
Arrive cependant un moment du film où ces atermoiements d'adolescents ne nous laissent plus ni chaud ni froid. Les personnages de Douches froides n'ont pas assez d'épaisseur pour qu'on se préoccupe de leur sort. Le film bascule doucement vers un marivaudage un peu plat, convenu, que l'on a souvent vu, et fort peu intéressant. L'argument du trouple consenti pourrait valoir un certain intérêt, mais on a l'impression qu'Antony Cordier ne se confronte pas vraiment à son sujet. Peut-être est-ce lié au fait que ce soit son premier long-métrage, mais on reste à cet égard un peu sur notre faim. Heureusement se détache de l'intrigue principale un contexte social assez finement dépeint.
La « lutte des classes », une bien trop grande expression, à prendre ici avec des pincettes, est toutefois tangible et ajoute du piment aux relations entre les personnages. Les protagonistes sont d'ailleurs incarnés avec beaucoup d'acuité, en particulier les second rôles, et l'on décerne volontiers des mentions spéciales aux couples de parents, incarnés par Florence Thomassin et Jean-Philippe Ecoffey, ainsi que Claire Nebout et Aurélien Recoin. On peut ainsi dire que Douches froides est une chronique sensuelle et néanmoins amère sur l'univers de l'adolescence, dans laquelle on s'ennuie un peu devant les péripéties de personnages qui manquent de profondeur.