Il était une fois en Amérique (1984) Sergio Leone
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Il était une fois en Amérique (1984) Sergio Leone
Splendeurs et misères des caïds
On pourrait dire qu’Il était une fois en Amérique est un peu le testament cinématographique de Sergio Leone. Le réalisateur signe là, douze ans après Il était une fois la révolution, l’ultime épisode de sa deuxième trilogie (vous me suivez ?) et le ton qu’il impose est encore plus nostalgique. Déjà dans ses films de western - un genre qui se prête très volontiers à l’exercice - on sentait une volonté de parler d’un temps qui n’existe plus, tout en l’actualisant - démarche un peu schizophrène mais brillamment réussie. Ici, le sujet du film et son ambition amènent clairement un regard rétrospectif mélancolique de la part des personnages et du réalisateur. Peut-être sa façon à lui d’évoquer son art et ses glorieuses années de cinéaste.
Quand elle rentre dans sa chambre d’hôtel, Eve se rend compte que quelque chose ne va pas. Trois hommes sortent soudain de l’ombre et lui demandent où est passé un certain Noodles. Elle n’en sait absolument rien, et elle le paiera cher, transpercée de balles sur son lit. Un des hommes reste là au cas où Noodles reviendrait, les deux autres vont voir Moe, qu’ils torturent pour avoir la même information. Le bougre subit la douleur mais craque au dernier moment, révélant que Noodles se trouve dans un bar à opium chinois. Une poursuite est alors entamée pour le retrouver à tout prix.
Le film a beau durer 3h40, on ne s‘ennuie pas une seule seconde devant Il était une fois en Amérique. La faute à une mise en scène absolument brillante de maîtrise, qui nous emmène de flashbacks en flashbacks avec une fluidité impressionnante. Sergio Leone adapte ici les codes du western spaghetti au film de gangster et ça fonctionne parfaitement. Des longs plans séquences nous dévoilent les décors, on voit monter un ascenseur pendant des plombes, la tension monte et on est prêt pour la scène d’action qui va suivre. Les mêmes plans se renvoient les uns les autres dans des époques différentes (ah, le pont de Brooklyn…), nous signifiant que le temps passe mais que les gens ne changent pas tant que ça.
C‘est la fin du rêve américain que nous dépeint Il était une fois en Amérique, à travers l‘histoire de ce petit truand et de ses amis. Une attention toute particulière est porté à ces humbles artisans de la pègre qui vont profiter de l’histoire de l’Amérique et de la prohibition. On sent l’amour que porte Sergio Leone aux films de gangsters d’antan, mais également à toute l’histoire du cinéma : on pense à Stanley Kubrick dans cette scène parodique d’Orange mécanique dans une maternité, et même à Luchino Visconti (soyons fou) dans cette façon de dépeindre une lignée en fin de course. Par contre, c’est le genre qui veut ça, c’est un film de mecs où les femmes n’ont pas leur place : soit ce sont des prostituées soit elles sont idéalisées et même là il faut qu’elles soient dégradées. On peut s’en émouvoir, mais ça n’enlève rien à la qualité du film.