The grand Budapest hotel (2014) Wes Anderson
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The grand Budapest hotel (2014) Wes Anderson
Délicieuse comédie sur fond historico-policier
Ouvrant le festival de Berlin en 2014, The grand Budapest hotel est le huitième opus d'un réalisateur majeur, mais pas assez récompensé : faire dans la légèreté ne semble pas être la clé des grands prix internationaux. Et pourtant Wes Anderson brode des comédies délicates bien plus profondes qu'elles en ont l'air. Pour preuve, il puise ici ses sources aussi bien dans plusieurs œuvres de Stefan Zweig que dans les comédies américaines du début du XXe siècle, mais aussi chez Hannah Arendt ou bien Irène Némirovsky. Les moindres détails y sont soignés, des tableaux plus ou moins centraux dans le récit qui évoquent Egon Schiele ou bien la Renaissance flamande aux noms des personnages qui font par exemple penser à certaines grandes familles de la noblesse européenne.
Le début
Une anonyme vient dans un cimetière rendre hommage au plus grand auteur de la république de Zubrowka. Son roman raconte comment il a connu M. Moustafa, le propriétaire du Grand Budapest, célèbre hôtel de la région. Et celui-ci de lui conter son histoire, depuis ses débuts en tant que groom, surnommé Zéro, dans ce même établissement prestigieux, dans les années 1930. Le concierge de l'époque s'appelait Gustave H. ; discret et raffiné, il a tout appris à Zéro, et prenait un soin particulier de ses clients. Il était particulièrement proche de l'une d'entre eux, Madame D., riche héritière qui, lors de leur dernière entrevue, pressentait qu'un grand malheur allait lui arriver. Gustave la rassure et la laisse repartir, charmé par ce bel homme qui est à l'occasion son amant. Elle meurt malheureusement peu après, et Gustave part avec Zéro à ses funérailles.
Analyse
Le raffinement est le maître-mot de The grand Budapest hotel, où une fois de plus Wes Anderson fait preuve d'un brio dans la mise en scène. Celle-ci n'est certes pas discrète : les travellings sont tout aussi soignés que visibles, différents formats illustrent les époques diverses dans lesquelles se placent le récit et de nombreux panoramiques se mêlent aux effets de zoom. Cette complète panoplie du parfait réalisateur donne à l’œuvre un caractère apaisant, on y ressent avec un plaisir non dissimulé le fameux « luxe, calme et volupté » que tant d'artistes recherchent. Pour le tournage, le réalisateur utilise la miniature de son hôtel, qui fait tout de même trois mètres de haut, fait fonctionner trois formats de projection, et use et abuse de la symétrie pour former ses plans. Obsessionnel, avez-vous dit ?
En terme de scénraio, il faut bien convenir que le récit en forme de poupées russes nous perd complètement, mais tout autant qu'il nous divertit. L'humour et la légèreté sont de mise et c'est avec une grande délicatesse que le réalisateur déroule son histoire avec malice, comme au temps de la comédie américaine et de ses grands classiques. Il ne se défent pas d'ailleurs d'avoir pris pour modèle, par exemple, The shop around the corner. On ressent donc, à l'image de « L'air de panache » que le personnage principal ne cesse d'utiliser, un parfum quelque peu suranné dans The grand Budapest hotel, ce qui n'a rien de déplaisant, bien au contraire. Il semble que Wes Anderson reprenne le flambeau de ces conteurs d'histoires d'antan qui nous faisaient voyager tout en charriant avec eux un univers foisonnant.
Il nous brosse tout en finesse un portrait d'une Europe insouciante où flotte un danger imminent, celui des fascismes de tous bords. Ici les inspirations se portent donc autour de Stefan Zweig et d'Hannah Arendt, en moins profond, cela va sans dire. Et bien entendu de nombreux clin d’œils émaillent The grand Budapest hotel, par le biais de la troupe d'acteurs et d'actrices qui ont accompagné le réalisateur depuis ses débuts. Ils endossent avec espièglerie des rôles plus ou moins majeurs, et l'on retrouve avec joie Tilda Swinton, métamorphosée, ou l'impeccable Ralph Fiennes, nouvel arrivant qui se fond parfaitement dans le moule. La distribution est prestigieuse, de Mathieu Amalric à Owen Wilson en passant par Saoirse Ronan et Léa Seydoux, mais aussi Jude Law et bien sûr Bill Murray : n'en jetez-plus.
Prince Of Panodyssey Alias Alexandre Leforestier 11 months ago
Cela me donne vraiment envie de découvrir l’oeuvre ! Super plume et en plus, j’adore Budapest 😉