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Volver (2005) Pedro Almodóvar

Volver (2005) Pedro Almodóvar

Published Sep 28, 2022 Updated Sep 28, 2022 Culture
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Volver (2005) Pedro Almodóvar

Le retour d’Almodóvar à ses amours féminines

Le monde de Pedro Almodóvar est un univers baroque peuplé de mort, de hippies, de sexeet de femmes. Après uneincursiondans une ambiance purement masculine avec La mauvaise éducation, il revient avec Volver (qui signifie retour en espagnol) à des histoires de femmes courageuses qui prennent leur destin en main. Le Festival de Cannes a reconnu cette force au film, lui décernant un Prix d’interprétation féminine collectif, ainsi que le Prix du scénario. Il raflait la même année cinq Goya, récompenses espagnoles du cinéma, était nommé aux Césars, tandis que Penelope Cruz recevait pour sa prestation sa première nomination aux Oscars. Elle y était d’ailleurs bien entourée puisque ses concurrentes étaient Kate Winslet, Meryl Streep, Judy Dench et Helen Mirren, qui reçut la statuette.

Le début

À Madrid, Raimunda vit avec sa fille Paula ainsi que Paco, le père de celle-ci, qui tente de la violer, mais la jeune femme se défend et le poignarde. En dernier recours, Raimunda part cacher le corps du défunt dans le congélateur du restaurant d’un de ses amis, qui est absent. Soudain, une équipe de tournage l’interrompt, et elle leur propose à manger, se faisant ainsi passer sans le vouloir par la gérante. De son côté, Sole, sa sœur, part dans le village d’Alcantar, dont elles sont originaires, pour assister aux funérailles d’une de leurs tantes. La voisine de celle-ci confie à Sole que la vieille femme parlait beaucoup du fantôme de la mère de Sole et de Raimunda, Irene, morte dans un incendie trois ans auparavant. Sole ne tarde d'ailleurs pas à croiser le fantôme de sa mère, qui se cache même dans le coffre de sa voiture à son retour à Madrid.

Analyse

La famille de Raimunda est composée uniquement de femmes : sa fille la petite Paula, sa sœur Soledad, sa tante Paula, sans oublier le fantôme de sa mère, Irène, qui hante tous les esprits. Au travers de diverses péripéties qu’il serait dommageable de raconter, Pedro Almodóvar dresse dans Volver le portrait de ces femmes, avec leur lourd passé et leurs combats au quotidien. Le film se revendique clairement comme un bon gros mélodrame, avec ses secrets et ses passions, ses révélations et ses trahisons, assumant un côté à la fois flamboyant et grandiloquent. Ceux qui n’aiment pas le cinéma d’Almodóvar ne risquent pas vraiment d’apprécier cet opus, les autres devraient passer un très bon moment devant ce long-métrage qui ne manque pas de références cinématographiques et de générosité.

On ne peut ainsi s’empêcher de penser au cinéma néo-réaliste italien des années 1950 dans Volver, avec ses histoires profondément humaines ancrées dans les quartiers populaires. À cet égard, Penélope Cruz, qui s’affiche ici pour la première fois en tête d’affiche d’un film de Pedro Almodóvar, porte le film à bout de bras. Elle livre une prestation remarquable, se montrant la digne héritière d’actrices italiennes de cette époque, telle Silvana Mangano ou bien Anna Magnani. D'ailleurs à la fin du film le réalisateur n'hésite pas à citer frontalement Bellissima, de Luchino Visconti. L'actrice donne ainsi une incarnation, et tout simplement un corps, à ces figures iconiques de femmes plantureuses et courageuses, profondément populaires, voire prolétaires, dans le bon sens du terme, qui peuplaient alors le cinéma transalpin.

L’outrance de Pedro Almodóvar est donc encore une fois à l’honneur dans Volver, tant au niveau des décors, des couleurs et de costumes chamarrés que des situations poussives, qui paraîtraient grotesques chez tout autre cinéaste. Car à y regarder de plus près, le scénario du film, qui mêle inceste, fantômes, mensonges et maladie, n’y va franchement pas de main morte. Oui mais là, encore une fois avec le réalisateur, qui utilise couramment de larges ficelles pour faire passer ses émotions, la pilule passe tout naturellement. On rentre pleinement dans le dispositif, quel que soit son côté artificiel, et on sort du visionnage en ayant passé deux heures pleines de rires et de larmes, de sentiment et d’émotions, tout simplement distillés par un artiste dont on ne peut que reconnaître un talent indéniable pour la mise en scène.

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