Pale rider, le cavalier solitaire (1985) Clint Eastwood
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Pale rider, le cavalier solitaire (1985) Clint Eastwood
Clint est arrivé, sans se presser
Pour son onzième film en tant que réalisateur, Clint Eastwood réalise ici son troisième western, après L’homme des hautes plaines et Josey Wales, hors la loi. Remake d’un film de George Stevens, Pale rider, le cavalier solitaire aura droit d'être revisité par Dolph Lundgren avec Missionary Man. Il aura les honneurs de la Compétition officielle du Festival de Cannes, l'année où Emir Kusturica reçoit sa première Palme d'or pour Papa est en voyage d'affaires. Côté anecdotes, Lee Van Cleef devait tenir un des rôles du film, et le tournage était mouvementé puisque Eastwood s'y est blessé à l'épaule. On peut y voir quelques références bibliques, son titre provenant d’ailleurs d’un passage de l’Apocalypse évoquant un cavalier des Enfers.
Mais là s’arrêtent les bondieuseries : le pasteur qu’incarne Clint Eastwood n’est pas vraiment pasteur, sans vouloir divulgâcher, en tout cas dans ses mœurs. C’est un homme providentiel qui surgit tout juste au bon moment pour sauver le pauvre vieux Hull Barett d’un lynchage public. Ce dernier l’accueille chez lui puisque comme de bien entendu notre sauveur national n’a pas de maison où crécher et comme de bien entendu il va semer la zizanie à la fois chez les chercheurs d’or du coin et chez leurs femmes. Les habitants de cette petite bourgade de Californie subissent la tyrannie de Coy LaHood, qui aimerait bien récupérer l'ensemble des lopins de terre. Le prédicateur, comme il se fait appeler, va s'opposer le puissant homme, ce qui ne lui plaira pas vraiment.
À 55 ans, Clint Eastwood vient de sortir quelques films qui ont terni son image auprès de la critique. Il a par ailleurs commencé à diversifié sa filmographie, avec par exemple le début des tribulations de l'Inspecteur Harry. Et s'il avait voulu tirer un ultime trait sur sa carrière dans le western, il n’aurait sans doute pas fait mieux, mais c'est sans compter ce petit bijou d'Impitoyable qu'il réalisera sept ans plus tard. Car on retrouve dans Pale rider, le cavalier solitaire un succédané de tous les genres auxquels Eastwood a participé et qui ont fait sa renommée au début de sa carrière. Soit quelques petits caches-poussière, une approche un brin fantastique du mythe américain, une barbe de trois jours savamment entretenue, et des clins d’œils à John Sturges ou à John Ford.
C’est élégant, drôle, racé, on en a pour notre argent avec Pale rider, le cavalier solitaire. Il n’y a que la, voire même les histoires d’amour qui sont un peu trop superficielles, victimes de la loi du genre. Les femmes n'y sont pas légion et servent souvent de faire-valoir aux héros masculins. Le personnage incarné par Clint Eastwood himself est savoureux à souhait, prototype basique du héros de l’Ouest Américain, sans nom ni passé, à la fois ange et démon, craint et adoré. Ceux qui suivent la carrière de l'acteur pourront d'ailleurs y voir une référence aux protagonistes qu'il a incarné dans la « trilogie du dollar » de Sergio Leone. Les amateurs du genre trouvent donc leur compte, et la qualité artistique du film en font de surcroit un film d'auteur à part entière.
S’ajoute à cela une rivalité très bien analysée entre les deux personnages négatifs principaux de Pale rider, le cavalier solitaire. Ces méchants patibulaires mais presque ont droit à un traitement assez fin et voleraient presque la vedette à notre sauveur des hautes plaines. On peut légitimement décerner une petite mention particulière pour le regretté Chris Penn, alors au début de sa carrière, et qui fait ici une entrée en matière assez remarquable. C’est du western comme on les aime qui nous est servi là, pas le meilleur du genre ni de son réalisateur mais il faudrait faire la fine bouche pour ne pas l’apprécier. Le film, qui fera une belle carrière dans les salles, verra sa notoriété augmenter avec les nombreuses diffusion dont il bééficiera à la télévision.