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La flûte enchantée (1974) Ingmar Bergman

La flûte enchantée (1974) Ingmar Bergman

Published Sep 1, 2021 Updated Sep 1, 2021 Culture
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La flûte enchantée (1974) Ingmar Bergman

Quand Ingmar rencontre Wolfgang

Passionné depuis l’enfance par La flûte enchantée, opéra composé par Wolfgang Amadeus Mozart, Ingmar Bergman avait déjà tenté de le mettre en scène pour le théâtre. Empêché par des problèmes de santé, il décidera plus tard d’en proposer une version à la télévision suédoise à l’occasion des fêtes de Noël. Cela n’était pas d’ailleurs là sa première collaboration à la télévision, on peut citer à cet égard Scènes de la vie conjugale et à la fin de sa carrière Saraband. Autant d’œuvres qui sont devenues (ou sont appelés à devenir) avec le temps des classiques… du cinéma. Le film fut d'ailleurs sélectionné, certes hors compétition, au Festival de Cannes, avant de recevoir des nominations aux Oscars et aux Césars. Notons au passage que les interprètes qu'ils choisit sont des artistes lyriques scandinaves.

La princesse Pamina, fille de la Reine de la Nuit, a été enlevée par le magicien Sarastro, qui veut la fiancer au prince Tamino. Celui-ci, qui ne connaît pas les desseins de Sarastro, part au secours de Pamina avec l'oiseleur Papageno et trois suivantes de la reine de la Nuit. De son côté, celle-ci les et leur fournit des talismans pour leur protection : une flûte enchantée et un carillon magique. Sur leur chemin, ils doivent affrontet le méchant Monostatos, ils doivent subir des épreuves et sont amenés à comprendre les motivations de Sarastro. Ils finissent par retrouvent la princesse, puis perdent une nouvelle fois sa trace avant de réussir à la revoir. C'est alors que la reine de la Nuit demande à sa fille d'offrir en sacrifice Sarastro afin de lui voler le cercle solaire, symbole de puissance.

Cette version de La flûte enchantée est à la fois d’une fidélité rigoureuse dans la forme et est en même temps joliment enrichie par le rendu cinématographique. Le cadre est posé dès le début : au cours d’un prologue assez original, la caméra suit au rythme de la musique les visages de spectateurs assistant à la représentation dans un petit théâtre. Puis un panneau annonce le premier acte, le rideau se lève et le spectacle peut commencer. Comme au spectacle vivant, un entracte nous sera par la suite proposé, l'occasion de découvrir les coulisses le temps d'une pause bien méritée. D’abord un peu dérouté, il faut bien l'admettre, d’entendre les chants en suédois, le spectateur s’y habitue finalement très vite ; c’est d’ailleurs la plus grande distance que prend Ingmar Bergman par rapport au maître autrichien.

Il se permet aussi dans cette Flûte enchantée quelques adaptations nécessaire selon lui à la compréhension globale de l’histoire et à son adaptation audiovisuelle, trouvant le livret d'Emanuel Schikaneder parfois trop dense. La caméra est d'ailleurs ici un instrument très actif, servant la narration et intensifiant l’intensité dramatique au gré de gros plans et d’ellipses parfaitement insérés. Le choix judicieux des interprètes est un parti pris de l’auteur privilégiant des chanteurs à la diction nette et pas forcément des têtes d’affiche. Le résultat est très rafraîchissant, vulgarisant l'œuvre sans jamais la dénaturer, et ramenant l’opéra à ses sources originelles. En effet, Wolfgang Amadeus Mozart le destinait initialement à une troupe populaire pour un théâtre des faubourgs de Vienne.

Paradoxalement, quand on compare à la tentative, un peu ratée, pour être honnête, qu'avait fait au milieu des années 2000 Kenneth Branagh de transposer l'opéra à l'univers cinématographique, cette quasi-captation scénique est bien plus vivante. Finalement, ce qui ressort du film c'est que La flûte enchantée est une œuvre enlevée et dynamique, qui peut se voir de multiples degrés, à l’image de la foule chamarrée, d'origines et d'âges multiples, qui projetait ses émotions devant notre écran au début du film. Ainsi le fillm s'adresse-t-il au plus grand nombre, du simple regard enfantin, qui trouvera matière à s’extasier devant le récit féerique et cette quête épique, à la vision éclairée du connaisseur qui y trouvera à la fois de la rigueur mais aussi des subtilités et des nuances sophistiquées.

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