Woody et les robots (1973) Woody Allen
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Woody et les robots (1973) Woody Allen
La science-fiction selon Woody
Dans ses premiers films, force est de constater que Woody Allen était un grand expérimentateur. Biographie avec Prends l’oseille et tire-toi, brûlot révolutionnaire avec Bananas, film à sketches pour Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander, fresque historique dans Guerre et amour, et science-fiction avec ce Sleeper (bêtement traduit une fois de plus). Tout ça bien sûr à la sauce Woody, donc brillamment parodié et méchamment drôle. Quand on sait que Woody et les robots est aussi le premier film où il dirige Diane Keaton, ça rajoute à l’intérêt du cinéphile. Mais il ne figure pas parmi le panthéon des alléniens pur jus, même s'il a été référencé par certains, tels Éric Judor et Ramzy Bedia, ou même le groupe Motörhead.
Nous sommes en 2173 et Miles Monroe vient d’être découvert par une équipe de scientifique appartenant à un mouvement révolutionnaire. Cet homme, cryogénisé par sa famille en 1973 sans en être au courant, risque bien d’avoir quelques surprises en se réveillant, et c’est pourquoi les médecins s’y prennent avec moultes précaution. Malheureusement ils n’ont pas de temps à perdre : cet acte est interdit et la police veille. Brusquement remis sur pied, Miles se réfugie dans la maison des deux médecins qui l’ont sauvé, avant de partir rejoindre les rebelles qui luttent contre le gouvernement autoritaire en place. En effet, Monroe, dépourvu d'identité biométrique, pourrait parfaitement infiltrer le mystérieux « Aries Project », que la dictature a mis en branle.
Loufoque est le premier mot qui vient à l’esprit en voyant Sleeper. Il suffit de voir la tête de Woody Allen quand il se fait passer pour un robot domestique pour être conquis par l’humour et l’autodérision du personnage et du long-métrage. Nous avons ici affaire à un grand bouffon qui s’amuse comme un enfant et se moque des conventions, ne délivre aucun message lénifiant tout en taclant tour à tour la société de consommation (voir les nouveaux gadget tels l’orgasmotron, qui permet à tout un chacun d'avoir durant quelques secondes un orgasme, ou bien la machine à fabriquer des puddings), et les hippies (la soirée chez le personnage interprété par Diane Keaton, qui campe une bourgeoise socialiste utopique, est irrésistible).
Évidemment, tout ceci est fait avec grande classe et quelques références. Science-fiction oblige, et n'oublions pas que cinq ans auparavant est sorti 2001 : l’odyssée de l’espace, Woody Allen en profite pour y aller de son clin d'œil en engageant Douglas Rain, la reconnaissable voix de HAL, qui fait ici... une voix d’ordinateur. Et puisqu’on est chez Woody Allen, autant glisser un bon nombre d’hommages aux grands films burlesques du passé, de Charlie Chaplin à Buster Keaton en passant par les Marx Brothers bien sûr. D’ailleurs nombreuses sont les séquences de Woody et les robots qui auraient parfaitement leur place dans un film muet de la grande époque, le film se revendiquant clairement de ces comédies que l'auteur apprécie particulièrement.
Et même s’il est encore quelquefois tâtonnant, l’humour prend une place éminemment importante dans Sleeper. Les gags sont légion et l’on rit franchement des situations rocambolesques dans lesquels le réalisateur s’échine à placer son personnage principal. Il n’oublie pas d’y ajouter une pincée de romance avec la relation entre Miles et Luna ; Diane Keaton est encore ici à l’aube de sa carrière et prouve qu’elle a un talent comique certain. Quant à Woody Allen, il est tout simplement génial, en particulier quant il s’agit de faire le malin en imitant un automate. Si on en retiendra sans doute d’autres plus percutant dans la première période de sa filmographie, nul doute qu’on passe un excellent moment en regardant Woody et les robots.