Soul Kitchen (2008) Fatih Akin
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Soul Kitchen (2008) Fatih Akin
Les pieds-nickelés gèrent un resto
Alors ça c’est hyper méga tendance : le côté multiculturel, allemand d’origine turc qui fait jouer un grec dans un film coproduit par la France. Yeah man, Soul kitchen c’est de la bonne came. En plus c’est pas n’importe qui le réal : Fatih Akin, le mec qui a participé à la méga nouvelle vague allemande et qui nous avait bluffé avec De l’autre côté. Ici le réalisateur fait une petite pause dans sa trilogie sur « l’amour, la mort et le diable » débuté avec Head on. Il a ressorti un vieux scénario mis aux oubliettes quelques années plus tôt pour faire cette comédie un peu loufoque, un peu bobo qui vous fiche la pêche.
Le début
Dans la famille galérien, Zinos en tient une bonne couche. Il gère un fast-food qui sert de la nourriture bien grasse aux habitués. Sa cuisine sent le graillon sans parler de l’insalubrité des locaux. Mais Zinos s’en fout, il est comme ça. Enfin bon, jusqu’au moment où un inspecteur de l’hygiène et un autre des impôts viennent mettre leur nez là dedans. C’est là que son frère débarque de prison, tranquille le gars il lui taxe du blé et lui réclame un job. Et forcement c’est à ce moment là que la copine de Zinos lui annonce qu’elle part vivre en Chine et que s’il veut la suivre il n’a qu’à vendre son restaurant.
Analyse
Et c‘est comme ça pendant tout le film : le personnage principal de Soul kitchen enfile les galères à n‘en plus finir, et on le plaint. Mais pourtant il prend ça à la cool, le Zinos. No soucy, Ophély, il gère. Jusqu’au point de rupture. Et là forcément il somatise : faut dire qu’il en a plein le dos, Zinos. Sa hernie discale il pouvait s’y attendre. Ce qui occasionne une scène assez monumentale chez un chiropracteur pas piqué des hannetons. Autour de lui gravitent tout plein de personnages tout aussi sympas qui vivent de bric et de broc mais s’en tapent.
Ce qui leur importe c’est de se sentir vivant, ressentir des émotions, exister. En ça, on peut condidérer que Soul Kitchen est un film post-soixante-huitard. Et Fatih Akin tient son film parfaitement du début à la fin, avec une mise en scène au cordeau. Tendu comme un arc prêt à lancer sa flèche qui fait mouche, le long-métrage a un rythme impeccable et une réalisation des plans fluide et aérienne. La musique tient un rôle indubitablement essentiel, sa bande originale est excellente avec un mélange de soul music et de disco remis au goût du jour.
S’y côtoient Kool and the gang, Quincy Jones et Louis Armstrong dans une orgie auditive à tomber par terre. Les acteurs jouent une participation réglée sur du papier à musique, et on croise en particulier un excellent Birol Ünel survolté dans un rôle jubilatoire. Le tout nous donne une comédie entraînante qui ne manque pas d’humanité et de poser son regard sur des êtres socialement un peu à la marge des systèmes. On aime et on encourage, à fond Soul Kitchen, même si le film n'est pas passé à la postérité dans la filmographie de Fatih Akin, que l'on peut considérer comme inégale.