La ruée vers l'or (1925) Charles Chaplin
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La ruée vers l'or (1925) Charles Chaplin
Et Charlot monta aux sommets
À n’en pas douter, le tournage de La ruée vers l’or était déjà un petit exploit en soi. Imaginez un peu : près de quatorze semaines de tournages dont certaines scènes en extérieur, en connaissant la volonté de perfection de Charlie Chaplin pour les moindres détails (une scène comme la chaussure mangée par Charlot nécessita pas moins de soixante-trois prises et trois jours de tournage). Le résultat en vaut largement la chandelle puisque, c’était prémonitoire, La ruée vers l’or sera un franc succès et apportera à son réalisateur notoriété et fortune.
L’idée de La ruée vers l'or viendra à Charlie Chaplin d’un fait divers, des chercheurs d'or bloqués dans la montagne qui devinrent cannibales. Il décide alors d’embarquer son emblématique Charlot dans une aventure à la recherche du sésame tant convoité. L’occasion de nous servir une succession de sketches intarissables où son talent burlesque éclate à chaque instant. Et en particulier dans les scènes où notre héros se trouve coincé dans une cabane en compagnie d’un autre chercheur d’or.
Qu’il se trouve affamé obligé à manger la semelle cloutée d’une de ses chaussures (qui était au passage en réalité faite de réglisse) ou en équilibre pas vraiment stable au bord du gouffre, essayant de sauver sa peau tout en jouant de sa maladresse, Charlot nous fait mourir de rire… mais il sait aussi nous attendrir, le bougre. C’est une autre des qualités de La ruée vers l'or (qui est toutefois trop court, cela va sans dire). Car le chercheur d’or va trouver un trésor insoupçonné en la personne de Georgia Hale, enfin tout du moins de son personnage. Ébloui par la beauté de la jeune femme, il n’aura de cesse de la conquérir, et c’est pas gagné.
Le pauvre balourd sera en effet bien moqué par la belle et ses amies, et il faut noter ici la justesse de Charlie Chaplin dans la cruauté de certaines scènes de La ruée vers l'or, contrebalancée par une poésie inégalée. Tout le monde a en mémoire bien sûr la divine scène de la danse des petits pains, une des scènes les plus lyriques du cinéma muet (et du cinéma tout court d’ailleurs) qui sera reprise notamment dans Benny and June où Johnny Depp rendra hommage au maître. Avec un sens du rythme et de l’efficacité narrative, Chaplin a réalisé là sans nul doute une des œuvres les plus marquantes du cinéma.