Alexandre (2003) Oliver Stone
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Alexandre (2003) Oliver Stone
Tu aimes les films sur les héros grecs ?
Depuis Gladiator, les péplums ont de nouveau eu, plus ou moins, la cote à Hollywood. C’est d’ailleurs grâce au succès du film de Ridley Scott qu’Oliver Stone a pu enfin venir à bout de son projet depuis longtemps préparé que fut Alexandre. On ne pouvait que se réjouir de voir une biographie d’une des plus marquantes figures de l’histoire par un des réalisateurs les plus subversif et engagé d’Hollywood, et d'ailleurs il faut bien en convenir, il n’y en a pas beaucoup. Le résultat est assez mitigé : si la construction du personnage d’Alexandre le Grand ou l’ambiguïté de ses relations familiales est relativement bien traité, le film est sans doute trop long, ou autrement dit, on peut le résumer comme tel : comment expliquer en trente minutes ce qu’un spectateur lambda comprend en cinq minutes.
Le début
Les relations de la reine Olympias et de son mari Philippe II ne sont pas très bonnes. Leur fils Alexandre est éduqué par Aristote, et il dispose de qualités indéniables, parvenant notamment à dompter un cheval intrépide du nom de Bucéphale. Son père le prévient toutefois, et voyant qu'Alexandre est impressionné par le destin d'Achille, il lui apprend qu'à trop chercher la gloire il risque de devoir sacrifier sa vie. Philippe II étant polygame, Alexandre n'est pas le seul de ses fils à pouvoir revendiquer sa succession, et Olympias conseille donc fortement à son enfant de se marier et d'avoir lui-même un fils. Une dispute terrible se produit entre Alexandre et Philippe lors du mariage de celui-ci et de sa plus récente épouse, durant laquelle le père renie son fils.
Analyse
Le projet proposé par Alexandre est sur le papier tout à fait alléchant, et l'on peut facilement comprendre combien réaliser un film sur une légende telle qu’Alexandre le Grand n’est pas une mince affaire. Le personnage est colossal : élevé par une mère qui rêve de se venger, avec un père qui le renie, il va étendre l’empire grec aux confins de territoires peu explorés à l’époque. Colin Farrel s’en sort assez bien pour incarner un rôle difficile, personnage mégalomane et tyran plus ou moins malgré lui, au caractère tempétueux, à la fois adoré et haï par son peuple. Le reste de ce casting hétéroclite réserve quelques bonnes surprises, comme Val Kilmer, méconnaissable, ou Rosario Dawson, convaincante en épouse sauvageonne.
Malheureusement, devant Alexandre, on a l’impression de regarder une publicité pour une marque de cosmétiques, avec la choucroute blonde peroxydée de Colin Farrel, les cheveux longs et soyeux de Jared Leto ou le visage d’Angelina Jolie qui ne bouge pas, d'autant que l'actrice n'a qu'un an de différence avec celui qui interprète son fils, et que l'on peut douter de l'usage du collagène à cette époque. Bref, si Oliver Stone a la bonne idée de ne pas éluder la bisexualité d’Alexandre, ou tout du moins c’est le terme que d'aucuns emploient aujourd’hui, même si les choses n’étaient pas vues de la même façon à l’époque, on s’étonne quand même un peu de voir cette armée de jeunes éphèbes partant à la guerre bien coiffés, quasiment avec du gloss aux lèvres et des piercings au nombril.
Autre chose : amis réalisateurs, le numérique c’est bien, en abuser ça craint. Si les scènes de bataille d'Alexandre ont l’originalité d'être restituée de façon relativement réaliste et qu'Oliver Stone s'attache à nous montrer la tactique adoptée par les protagonistes, elles sont gâchées par une image tellement numérisée qu’on se croirait devant une console de jeux vidéos. C'est dommage qu'Oliver Stone cède à la mode de cette époque, et il suffit de voir l'esthétique employée par des films comme Troie, sorti un an avant, ou 300, qui sera sur les écrans deux ans plus tard, pour s'en rendre compte. Le réalisateur à la filmographie en dent de scie fournit ainsi un long-métrage mineur, mais qui demeure sur certains points vaguement intéressant.