

Résiste !
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Résiste !
Depuis la grande invasion, rien n'est plus pareil. La planète dépérit. Elle se meurt, se consume sous ce soleil accablant. Le nuage de pollution, qui jadis était notre pire ennemi, constitue aujourd'hui notre unique protection contre les rayons incandescents de cet astre majestueux. Quelle honte ! Malgré les années, nous n'avons toujours pas su nous adapter. Nous n'avons jamais évolué.
C'est une des raisons pour lesquelles nous croupissons dans ces ruines. Cachés et pitoyables. L'ombre des bâtiments est notre seul répit. La chaleur de leurs murs, notre seule couverture lors des nuits glaciales. Nous ne vivons plus. Nous nous contentons de survivre. Et je n'en peux plus. Ce n'est pas l'avenir dont j'ai rêvé. Celui que me contait ma mère le soir pour m'aider à lutter contre les cauchemars. Ce n'est pas celui que je veux pour mes futurs enfants si un jour, par pur égoïsme, je me laisse à procréer.
— Luc ! Ne reste pas sur le chemin, ils risquent de te voir... m'intime mon frère depuis la pénombre de notre ridicule foyer.
Kyle est plus âgé que moi de quelques années. Il m'a pratiquement élevé depuis le départ de nos parents. Tous deux étaient des idéalistes aux tendances rebelles. Ils n'acceptaient aucune règle, surtout pas celles de ces autres qui cherchent à nous asservir. Ces monstres gris aux gigantesques yeux sombres qui sont apparus, un beau matin, bien décidés à nous exterminer et à s'approprier cette planète déjà malade. Aucune négociation, aucune discussion. Ils se sont simplement servis et ne sont jamais repartis. Ils se sont installés, détruisant nos villes, rasant nos forêts.
— Qu'ils viennent ! J'en ai plus que marre de me cacher, lui crié-je.
Les bras écartés, le dos droit, je me dresse fièrement au milieu de cette ancienne avenue. Je les défie de descendre de leur fabuleuse cité et de m'attaquer. Je m'entraîne chaque jour. Je suis prêt. Et j'ai conscience que je ne suis pas le seul. Que d'autres me suivront s'ils s'approchent. Sur le champ de bataille, nous ne leur connaissons aucun point faible, mais je ne perds pas espoir. Ils peuvent mourir. Je les ai vu de mes propres yeux, lorsqu'ils évacuaient les corps de leurs congénères. Ils n'ont pas de respect pour les morts et moi non plus. Leurs cadavres ne sont que des tas de viandes putrides et gluantes inutiles, sauf à des fins scientifiques.
Alors, j'ai fait ce que j'avais à faire. Je me suis faufilé jusqu'à ce cimetière improvisé. Cette fosse commune nauséabonde. En pleine nuit, sous le vent polaire, j'ai tiré une des dépouilles les plus fraîches jusqu'à notre laboratoire. Enfin... Jusqu'à notre installation la plus propre et la plus froide. Je voulais que Doc et son père l'examinent. Ils sont ce qui se rapproche le plus de scientifiques, bien que Doc soit à peine plus âgé que moi. Nous avons grandi ensemble, mais il a toujours été plus intelligent que moi. Bien plus intelligent... Et j'ai confiance en lui. Je suis convaincu que si quelqu'un doit trouver quelque chose, c'est bien lui.
— Arrête tes conneries ! Tu vas nous faire tous tuer ! s'énerve Kyle.
— Ce ne serait peut-être pas une mauvaise chose, maugréé-je sans réellement le penser.
Je brûle de le faire réagir. Qu'il cesse de toujours vouloir se planquer. De courber l'échine devant ces créatures sans âme. Il est si prompt à être prudent. À ne jamais faire de vague. C'est sa façon de gérer sa douleur, il se laisse dominer par la peur. Mais pas moi. Moi, je suis esclave de ma colère. Elle me ronge tout en me maintenant en vie. Elle me donne envie de plus. Elle suscite de l'espoir et alimente ce besoin incessant de me battre. De lutter. De résister. Et si je dois mourir aujourd'hui, je le ferai en homme libre.
Texte de L. S. Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image par Patrick CHARTOL de Pixabay : Futuriste Architecture Ville - Image gratuite sur Pixabay

