Nos sauveurs
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Nos sauveurs
Ils ne pouvaient être autres choses. Nous les attendions depuis plusieurs jours, depuis l’annonce de notre extinction. Notre chamane avait vu notre fin à tous au cours d’une de ses transes. Mais celle-ci avait été différente. Si puissante que les images de notre mort nous étaient apparues, à nous, pauvres profanes… Ignorants de toutes ces choses mystiques.
Et soudain, il était là… Un navire, flottant parmi les nuages, fait de métal et de lumière. Surgissant de nulle part, nous l’avions considéré comme une divine providence. Rien d’autre.
Lorsqu’il se déploya, nous fûmes subjugués par toutes ces couleurs et ces senteurs. Derrière ses parois austères, se cachait un jardin somptueux composé de plantes inconnues. C’était tout simplement incroyable. Alors, lorsqu’une passerelle s’était dépliée, nous invitant à monter à bord, nous n’avions pas hésité.
Nous naviguions dans cette forêt improbable, au cœur de laquelle nous attendait un véritable festin. Dans d’immenses feuilles, étaient servis des mets raffinés dignes des chefs de tribu ! Nous avons bu et mangé à outrance, comme s’il s’agissait de notre dernier repas.
Mais dans la soirée, je fus prise de vertige. J’avais besoin d’air… De retourner à la réalité et la terre ferme. Alors, titubante, je traversais à nouveau cette passerelle pour tomber sur la roche dure de la falaise. Les genoux écorchés et la tête dans un étau, j’avançais péniblement jusqu’à l’orée de notre forêt pour me reposer au pied d’un arbre majestueux. J’étais si confuse… Je perçus une présence, sans savoir qui se tenait près de moi. J’entendis des murmures et je sentis un souffle chaud dans mon cou.
Mon réveil fut douloureux et difficile. J’étais allongée, par terre, dans les bras de Tom. Il me serrait, comme pour me réchauffer et me protéger. Quel homme merveilleux ! Ma tête tournait et me faisait souffrir. J’essayais de me relever, mais en vain. Que m’était-il arrivé ?
Soudain, un fumé étrange vint à mon nez. Un mélange de bois brûlé, de terre humide et de viande cuite. Cette odeur semblait venir de notre village. Curieuse et quelque peu inquiète, je me levais avec l’aide d’une branche épaisse qui traînait sur le sol.
Ce que je découvris me provoqua un haut-le-cœur ! Nos maisons avaient été saccagées. Il ne restait plus rien. Et sur la place centrale, un bûcher flambait encore carbonisant les restes d’un corps. Je courus vers Tom pour le réveiller et me précipitais sur la falaise. Je devais alerter les autres. Nous avions été trompés. Ils n’étaient pas nos sauveurs, mais nos bourreaux. Mais il était trop tard… La passerelle avait disparu. Le navire s’était replié et entamait son ascension.
Impuissants, paralysés par la peur, nous regardions nos familles, amis, ancêtres, disparaître dans le ciel à la lueur de la lune blafarde.
25 minutes chrono, toujours sans relecture !
Texte de L.S.Martins
Image par Stefan Keller de Pixabay