Le remède
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Le remède
Putain ! Quel mal de crâne épouvantable ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Et je suis où, bordel !
J’ouvris les yeux, sans reconnaître les murs qui m’entouraient. Juste au-dessus de ma tête s’agitait l’un des molosses de Léila. Je tentai de le repousser de la main, mais il me donna un grand coup de langue.
– Rex, c’est bon. Je suis réveillé. Arrête de me lécher, tu pues la mort.
– Mo… Ridan… Enfin… Tu peux demander à l’autre de me laisser tranquille, s’te plaît ?
Je me redressai, non sans difficulté, pour m’asseoir contre la porte. Je découvris Hax en position d’attaque, les crocs visibles, grognant sur Gram. Le pauvre était acculé contre la bibliothèque, les mains devant son visage. Son pantalon était taché. Il s’était pissé dessus le couard !
– Putain ! Gram ! T’es censé couvrir mes arrières. Qui m’a frappé ? Tu l’as choppé, j’espère !
– Euh… Non… Désolé. Tu peux…
– Hax ! Viens là.
Hax se retourna vers moi, déçu. Comme si je venais de lui confisquer son jouet préféré. D’un pas nonchalant, il vint se coucher à mes pieds.
Gram souffla. Son visage reprit quelques couleurs. Les jambes encore flageolantes, il se releva pour aller se caler dans un vieux fauteuil au fond de la pièce. Dans la pénombre, je distinguais à peine son visage.
– Gram ! Tu vas m’expliquer ce qu’il s’est passé, oui ? Je suis resté longtemps dans les vapes ? Et pourquoi on est ici ? C’est toi qui m’as déplacé ?
– Non. Avec ces deux monstres, je n’ai même pas pu t’approcher. Et puis c’est ta faute si tu t’es fait avoir comme un bleu ! Tu es parti sans moi !
– Ma faute ! Tu te fous de ma gueule ! Tu cours comme un empoté ! Même pas fichu de monter quatre marches sans souffler comme un bœuf. Et c’est moi le problème ? T’as vu que’que chose au moins ?
– Non, rien. T’étais allongé là. Avec un message tapé avec cette vieille machine là-bas, sur le bureau.
– Quel message ?
Il se leva pour m’apporter une enveloppe dorée. Elle avait été déchirée. Surement Gram pour la lire… Aucun respect pour les potentiels indices !
– Putain, c’est quoi ces traces ?
– Désolé. Je suis tombé dans la boue. J’avais les mains sales quand j’ai ramassé l’enveloppe. Je suis désolé. Je n’avais pas…
Le voir se confondre en excuses m’horripilait au plus haut point. Quel crétin ! J’avais bien envie de dire à Hax de retourner s’amuser avec lui.
Je pris en profonde inspiration pour me calmer et ouvris la lettre. Le papier n’était pas le même que d’habitude. Plus épais. Et étrangement, les mots n’étaient pas manuscrits. Gram avait raison, le message avait été tapé à la machine. Pourquoi ? Et pourquoi prendre le temps de me déplacer ? Surtout avec Gram, Rex et Hax sur mes talons ! Je vérifiai une nouvelle fois. Aucune photo. Seulement ces trois phrases : « Bien joué. Vous avez failli m’avoir ! Dommage pour Léila… »
Dommage pour Léila ? Pourquoi ? Mais oui, la fiole !
En m’aidant de l’antique bureau à côté de moi, je me mis debout. La tête me tournait et des tâches sombres dansaient devant mes yeux. Le coup avait dû être sacrément violent ! Après quelques secondes, je m’avançais vers la sortie, direction la cuisine. La lumière m’agressa. J’étais totalement aveuglé, mais je n’avais pas de temps à perdre.
Les yeux fermés, je marchais à tâtons jusqu’à la prochaine ouverture. La cuisine ! La pénombre m’enveloppa, me permettant de distinguer sur le sol la petite fiole de verre brisée. Le liquide violet s’était répandu tout autour tachant le mot qui avait été laissé.
« Voici le remèd… » C’était tout ce qu’il y avait de lisible. Le reste avait été effacé. Le remède pourquoi ? Pour sortir Léila de son coma ? Merde ! J’étais fou de rage ! Contre moi. Contre Gram. Contre Léila. Quel con !
Quelque chose clochait. Un détail. Ou plutôt une série ! Réfléchi, Bon Dieu ! Rien. Impossible avec ce putain de mal de crâne. Aucune connexion ne semblait vouloir fonctionner. J’étais totalement inutile. Je devais rentrer et expliquer au chef ce qu’il s’était passé ici. Enfin, ce dont je me souviens. Il enverrait une équipe sur place. Mais je ne me faisais aucune illusion ! Ils ne trouveront rien ici.
Avant de reprendre le blindé, je fouillai la pièce à la recherche d’un flacon ou autre contenant me permettant de ramasser quelques gouttes du liquide. Avec un peu de chance, au labo, ils pourraient en synthétiser. Avec un peu de chance, Léila se réveillera !
30 minutes chrono, sans relecture.
Texte de L.S.Martins
Image par Peter H de Pixabay : Machine À Écrire Antique Vintage - Photo gratuite sur Pixabay