La promesse d'un vieux fou
On Panodyssey, you can read up to 10 publications per month without being logged in. Enjoy9 articles to discover this month.
To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
La promesse d'un vieux fou
La mer était de plus en plus agitée. Les vagues maltraitaient la pauvre coque de ma vieille barque, menaçant de me faire passer par-dessus bord à chaque instant. Le vent froid me fouettait en s’engouffrant dans mon K-way décrépit. Le ciel était si sombre, qu’il m’était impossible de savoir si j’étais encore loin. Je naviguais depuis des heures totalement à l’aveugle. Quel abruti je faisais ! Partir aussi tard avec une météo capricieuse…
Jamais je ne pourrais honorer ma promesse. Jamais je ne pourrais les rejoindre à temps. Je ne suis qu’un idiot sans parole. Voilà ce qu’elles devaient penser de moi et je ne pouvais les en blâmer. Si je n’avais pas accepté cette dernière mission. Si je ne les avais pas abandonnées malgré l’annonce de cette catastrophe imminente…, mais je n’avais pas vraiment eu le choix. Comme chaque fois. Réfléchir et donner mon avis ne faisaient pas partie de mes prérogatives. Je n’étais qu’un simple exécutant, rien de plus. À présent, il ne me restait qu’une chose à faire : prier. Prier tous les dieux pour que les eaux ne m’engloutissent pas. Les supplier pour que je les retrouve, toutes deux, saines et sauves.
Dans un bruit des enfers, un éclair déchira les cieux éclairant, durant quelques secondes, le paysage. Je compris alors qu’il était trop tard. Que j’avais échoué. Il n’y avait plus de terres à regagner. Tout avait été submergé par cette mer agitée. Tout sauf la maison la plus haute du village. Celle de Lord Freon, l’homme le plus fortuné et le plus abominable que je connaisse. Lui seul avait été épargné. Ce qu’on disait sur lui était donc vrai ? Son âme était si sombre que même le diable en aurait peur ?
Je coupai le moteur et me laissai dériver. Je n’avais plus aucune raison de vivre. Plus aucune raison de me battre. Je sentis mon corps se détendre et se laisser bercer par la houle. Soudain, une vague vint s’écraser contre la barque et m’avala tout entier. Je ne luttai pas. Je me laissai avaler. J’allais enfin retrouver celles que j’aimais.
Texte de L.S. Martins (25 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par Myriams-Fotos de Pixabay : Orage Tempête Éclair Des - Photo gratuite sur Pixabay