J’ai toute votre attention à présent ?
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J’ai toute votre attention à présent ?
Le faucon d’or. Je me souviens de ces histoires que me racontait Floriane, ma nourrice. Héros des temps passés, il veillait sur la ville jour et nuit. Il semblait invincible. Incorruptible. Et un jour, il disparut. Sans laisser de traces. Sans aucun avertissement. Il disparut tout simplement. Quelques jours à peine avant cette sombre nuit. Avant cette attaque venue d’ailleurs qui dévasta notre planète… Pourquoi ? Avait-il pressenti le danger ? Avait-il fui comme un lâche ?
Cette image qui m’avait été personnellement adressée, je la reconnaissais. Je l’avais déjà vu sur un mur. Oui. Une affiche. Le faucon d’or posait fièrement au-dessus de la ville baignée de lumière. Il y avait un message… « N’ayez crainte, je veille sur vous. » Oui. C’était ça. Quelle connerie !
Je fouillai l’enveloppe à la recherche d’un mot ou d’un indice. Rien. Seulement cette photo. Mais où j’avais bien pu la voir. Aller, Moridan. Fais un effort, putain ! C’est pas si compliqué. Je suis sûr de l’avoir aperçu il n’y pas si longtemps.
Je fermai les yeux et essayai de stimuler ma mémoire. Je visualisai l’affiche abîmée par le temps collée sur ce mur sale. Souviens-toi. C’était pendant une mission sur le terrain. Tu es passé devant en courant. Et cette affiche t’as servi de point de repère dans ce dédale rempli de merde. Oui. C’est ça. Dans les souterrains de la ville.
Je me levai précipitamment et courus dans le hangar à la recherche d’armes et d’une moto. Le blindé avait encore disparu avec Léila. Comme d’hab !
Le capitaine m’interpella.
– Moridan, vous sortez ?
– Oui, chef. Pas le temps de discuter. Je vous ferais un rapport complet à mon retour.
– Je m’en contre-fous ! Je voudrais seulement que vous me sortiez ces deux monstres. Ils sont là depuis hier soir et je ne supporte plus de les entendre grogner.
Rex et Hax. Les deux molosses de Léila. Qu’est-ce qu’ils foutaient ici ? Léila ne s’en sépare jamais. Ils me sautèrent tous deux dessus, excités et inquiets. Un mauvais pressentiment me tordit le ventre. Dans quelle merde elle s’était encore fourrée ?
Je pouvais oublier la moto avec ces deux monstres. Ils couraient vite, mais pas assez pour me suivre. Je piquai le blindé de Marco et partis à la recherche de ma tendre coéquipière !
Il faisait noir. Une nuit sans étoile. Une nuit sans lune. L’entrée des souterrains était presqu’invisible. Heureusement, je pouvais faire confiance à mon PIT-Boy et aux deux animaux de Léila pour retrouver mon chemin. Je courus durant ce qu’il me semblait des heures dans ces dédales crasseux à la recherche de cette maudite affiche. Rien. À part cette odeur horrible et cette poussière suffocante. Et une lumière chaude vacillante à quelques mètres devant moi. Rex et Hax s’y précipitèrent et se mirent à grogner. Si fort qu’ils faisaient vibrer l’air !
Lorsque j’arrivai, j’eus un haut-le-cœur. Sous l’affiche collée au mur rouge de sang, des centaines de bougies allumées. Et un corps. Une jeune femme. Habillée d’une robe provocante et de talon aiguilles. Les cheveux blonds décolorés et les ongles peints en noir. Je me rapprochai, repoussant doucement Rex et Hax.
Ce visage ! C’était celui de Léila ! Non. C’était impossible ! Je me jetai sur le sol pour voir si elle était blessée. Si elle était encore en vie… Un pouls ! Oui. Faible, mais elle se battait ! Elle ne semblait avoir aucune blessure. Rien. J’enlevai ma veste pour la couvrir et tentai d’appeler de l’aide. Mais c’était peine perdue. Impossible dans ces putains de souterrains.
Je pris Léila dans mes bras. Tant pis pour les indices. Je devais impérativement la sortir de là. Un papier tomba sur le sol sur lequel était inscrit « J’ai toute votre attention à présent ? ». Le salop ! Il jouait avec moi ! Avec nous…
– Tiens bon, Léila. Je suis encore là pour sauver ton joli petit cul !
25 minutes chrono, sans relecture.
Texte de L.S.Martins
Image par Stefan Keller de Pixabay : Fantaisie Angel Or - Photo gratuite sur Pixabay