Une légende stupide
On Panodyssey, you can read up to 30 publications per month without being logged in. Enjoy29 articles to discover this month.
To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free!
Log in
Une légende stupide
Je me sens sauvage et libre. L’odeur de la nuit m’enivre. J’aime cette pénombre qui m’enveloppe et me protège. Quel bonheur de courir dans ces bois humides. L’herbe haute me fouette le visage. La terre meuble s’enfonce sous mon poids. Un pur délice.
Plus rien ne m’effraie, pas même ce cimetière lointain dissimulé dans la brume. Celui des Groctis. Une tragique histoire. On raconte que toute la famille était maudite, une légende ridicule selon laquelle les hommes étaient condamnés, chaque nuit de pleine lune, à se transformer en une créature assoiffée de sang, un loup gigantesque avide de chair humaine. Pratique pour expliquer les disparitions étranges et les massacres dans les villages des alentours.
Une véritable chasse à l’homme a été organisée. La lignée des Groctis devait s’éteindre. Les monstres devaient être anéantis. Un rassemblement d’abrutis s’est alors enfoncé dans les bois pour se rendre au manoir Groctis. Personne ne fut épargné. Pas même les domestiques qui dormaient au rez-de-chaussée. Tous ont été brûlés.
Aujourd’hui, il ne reste que ces tombes bancales. Pourtant, les tueries ne se sont jamais stoppées. Des attaques violentes ont continué. J’en ai été la victime, il y a quelques jours, alors que je me promenais seule à la lisière de la forêt. Je réalisais des photographies pour ma prochaine exposition quand j’ai perçu un bruit. J’ai cru à un animal, mais de toute évidence, je m’étais trompée. J’ai reçu un coup sur la tête. Lorsque je suis revenue à moi, je baignais dans mon sang et mon appareil avait disparu.
Trois jours de fièvre ont suivi. Un véritable calvaire. Mais ce soir je me sens vivante, pour la première fois depuis très longtemps. Plus rien ne m’effraie. Plus rien ne peut m’arrêter. J’éprouve le besoin intense de crier sous ce ciel étoilé. De hurler mon amour pour cette lune splendide.
Texte de L. S. Martins (15 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par Mystic Art Design de Pixabay : Cimetière Horrible Lune - Image gratuite sur Pixabay