Direction le chantier naval
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Direction le chantier naval
Suite de l'histoire : Quel pleutre ! (panodyssey.com)
– Où est-il ? Où se cache ce con ?
Un homme d’une pâleur extrême leva la tête de son ordinateur et me dévisagea. Hugo, il me semble. Pas de Gram ! Seulement un bureau dégueulasse couvert d’immondices en tout genre. Je fouillais ce tas d’ordures en grognant. Aucun indice ! Putain, mais c’était qui ce pleutre ? Pourquoi m’avoir assommé ? Pourquoi ces mots ?
Je redressai les yeux en direction de Hugo qui me fixait toujours, le visage décomposé, pour lui demander où se cachait ce pleutre. Pas de réponse ! Hugo me regardait, apeuré, quand le commandant fit son entrée.
– C’est quoi ce bordel, Moridan ? On vous attend dans toute la base !
– Gram ! Ce couard est parti se cacher ! C’est lui qui m’a assommé l’autre jour sur le terrain ! C’est lui qui m’a écrit ces deux lettres ! C’est à cause de lui que Léila est toujours dans cet état ! Il est où ?
Le commandant s’avança pour récupérer les deux morceaux de papier que je lui tendais. Il les observa attentivement avant de me les rendre.
– Vous êtes sûr de vous, Moridan ? Ce sont des accusations très graves !
– Chef, je sais ce que je dis. Je le sens dans mes tripes. Depuis le début, je le trouvais louche ce type !
– Hugo, vous avez des infos sur lui. Après tout, vous partagez son bureau depuis plusieurs mois déjà.
– Euh… pas grand-chose, Chef. Il ne parlait pas beaucoup… Je sais juste qu’il est passionné de sous-marins et qu’il passe tout son temps libre au vieux chantier naval désaffecté.
– Rien qu’ça ! Tu pouvais pas cracher le morceau avant ?
Je sentais ma colère me tordre le bide. Je devais sortir. Localiser ce type et le faire parler ! Était-il un complice de ce fou qui jouait avec moi ? Ou juste un autre taré qui s’ennuyait ?
Je sortis en courant, sifflai Hax et Rex et montai dans un des blindés dispos. Le commandant apparut devant moi, l’air sévère. Merde ! Qu’est-ce qu’il me voulait encore ?
– Moridan. Pas de connerie. Vous le ramenez vivant pour l’interrogatoire. Pas la peine de jouer les cow-boys. Me suis-je bien fait comprendre ?
Dans un grognement incompréhensible, j’acquiesçai avant de faire rugir le moteur de mon véhicule. Direction le chantier naval. Une planque idéale ! Mais tout ceci me paraissait bien trop simple. Était-il suffisamment con pour aller se planquer au premier endroit où j’allais venir le chercher ? Non, il me préparait quelque chose, à coup sûr.
Les deux molosses derrière moi, prêts à sauter à la gorge de tout abruti qui se pointerait devant nous, j’entrai dans ce cimetière de sous-marins. Une odeur de fioul hantait les lieux. Le sol était rouge de rouille et les vaisseaux avaient été grignotés par le temps et la pluie. Fouiller toute cette zone allait me prendre une éternité. Fait chier !
J’en choisis un au hasard et partis en exploration. Hax et Rex ne pouvaient pas me suivre dans ces couloirs exigus. Ils montaient la garde devant l’entrée, en exprimant leur mécontentement.
Comment des hommes avaient-ils pu vivre durant des mois à l’intérieur de cette coque de métal ? L’atmosphère était pesante : une luminosité blafarde, le grincement sinistre à chacun de mes pas et l’air suffocant chargé de poussière, de chaleur et de gaz. Qu’est-ce que je foutais là !
J’entendis soudain une longue plainte. Les compteurs s’affolaient. Les tuyaux hurlaient et une vapeur brûlante me souffla en plein visage. Je me laissai tomber à terre, la tête entre les mains. La peau cloquée et la vue floue. Quel con, je m’étais encore fait avoir !
Hax et Rex gueulaient au-dessus. Ils semblaient excités, comme s’ils avaient attrapé leur proie. Lorsque je sortis enfin de ce dédale, je vis ce couard allongé sous les deux molosses, en sang et en larmes. L’une de ses jambes dans la gueule de Hax ! Je ne pus réprimer un sourire qui me fit grogner de douleur.
– Hax, amène notre ami dans le blindé, s’te plaît. Le chef nous attend !
30 minutes chrono, sans relecture
Texte de L.S.Martins
Image par GregoryButler de Pixabay : Cuirassé Salle Des Machines - Photo gratuite sur Pixabay