Un conseil : courez !
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Un conseil : courez !
Quel réveil abominable. Allongé sur un sol humide, les pieds entravés, la gorge sèche et cette terrible odeur putride me brûlant les poumons… j’essayais vainement de réfléchir. Ma tête me faisait horriblement souffrir et ce bourdonnement crispant n’arrangeait rien.
Dans la pénombre, je ne voyais pas grand-chose. Impossible de savoir où j’étais. Quelques bribes de souvenirs me revenaient, mais c’était encore flou… J’étais au volant de ma Golf, sortant tard du boulot, une fois de plus. Un client étranger un peu trop tatillon m’avait retenu toute la soirée. Très en retard pour notre cinquième anniversaire de mariage, j’avais décidé de couper par la forêt. Je roulais à toute allure quand, soudain, une silhouette fantomatique était apparue au beau milieu de la route. Il me semblait avoir donné un méchant coup de volant pour l’éviter et j’avais dû finir ma course dans un arbre. Le coup classique… Mais après, c’était encore confus. La portière s’était ouverte sur un homme hideux au visage déformé avant que je ne perde connaissance.
Un claquement de porte me fit sursauter, me ramenant péniblement à la réalité. Dans un grésillement inquiétant, une ampoule poussiéreuse illumina faiblement la cave sordide dans laquelle j’avais été enfermé. Des pas lourds résonnèrent dans les escaliers. J’entendais des grognements étranges et une respiration sifflante, mais dans ma position, je ne pouvais pas voir qui se tenait derrière moi. D’une voix tremblante, j’osai demander qui était là, mais je n’eus aucune réponse…
Tout à coup, je sentis un souffle chaud dans ma nuque et cette odeur fétide… J’en eus un haut-le-cœur. On me saisit par le col de la veste pour me traîner jusqu’à un lit miteux. Le matelas était poisseux de sang et de bien d’autres liquides organiques que je ne préférais pas énumérer. De toute évidence, je n’étais pas le premier à me retrouver ici…
Plusieurs jours se sont écoulés. Toujours le même rituel. La lumière jaunâtre. Les pas dans les escaliers. Le souffle nauséabond sur ma nuque. Quelques gorgées d’eau croupie et un morceau de pain. Puis de nouveau ce silence assourdissant et cette solitude angoissante.
Un jour, un détail changea. Le lien autour de mes chevilles avait disparu. Peut-être que mon ravisseur me jugeait bien trop épuisé pour essayer de fuir. Grave erreur ! J’attendis patiemment qu’il reparte pour me lever et explorer ma geôle. J'aperçus avec une joie immense une étroite fenêtre dépourvue de barreaux. En temps normal, jamais je n’aurai pu m’y faufiler, mais mon corps s’était beaucoup amaigri avec ce régime forcé et le manque d’exercice.
Après de longues minutes de torture à me contorsionner pour m’échapper, j’étais enfin libre… Mais à présent, je sais que tout ceci n’était qu’un jeu pour lui. Qu’il m’avait laissé sortir. Tapis dans l’obscurité de la nuit, il m’attendait. J’ai couru. Le plus vite possible. Aussi vite que mon corps frêle pouvait me le permettre, mais ce n’était pas assez. Il n’était pas très loin. Je pouvais percevoir son rire pervers…
Vous aussi ? C’est bien normal, mon ami. Car cette fois-ci, il ne vient pas pour moi. Cette fois-ci, il vient pour vous ! Un conseil : courez. Courez sans jamais vous arrêter parce que s’il vous attrape, il en sera fini de vous !
Texte de L.S.Martins (35 minutes chrono, sans relecture).
Image par Etienne Marais de Pixabay : Étrange Craindre Traquer - Photo gratuite sur Pixabay