La douleur d'un mort
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La douleur d'un mort
Un soleil voilé se lève sur les plaines ardentes. La fine pluie glacée du petit matin a fini par étouffer les flammes paresseuses qui léchaient encore les vestiges de cet assaut meurtrier. Du sol meurtri, émane une délicieuse odeur de terre mouillée. Un merveilleux parfum porté par cette brise agréable. Quel contraste saisissant…
L’ennemi a frappé sauvagement aux douze coups de minuit. Sans aucune pitié, il dévasta tout sur son passage. Femmes et enfants ne furent pas épargnés. Mais pourquoi ? Pourquoi une telle violence ? Que nous voulait-il ?
Tout s’est passé si vite. Je me souviens avoir perçu des hurlements provenant des maisons voisines. Des cris effroyables et des bruits assourdissants. J’ai réveillé ma femme. Je l’ai embrassé et sommé de se cacher dans notre cave. Mais avant que je ne puisse en dissimuler l’accès, trois hommes se tenaient derrière moi. Je sens encore le sang chaud couler sur ma poitrine. Imprégner ma chemise. Je suis mort sans avoir eu la chance de me battre. Mon corps camouflant la trappe menant à ma tendre épouse. Emportant comme dernier souvenir, les grands yeux embués de ma bien-aimée.
Les premières lueurs du jour brillent sur les plaines ardentes. De notre village, il ne reste que les ruines encore fumantes de notre splendide cathédrale. Elles surplombent tristement la campagne. Celle-là même qui nous a vu grandir. Qui nous a vu mourir…
L’unique trace de notre pitoyable existence est cette scène étrange. Presque irréelle… Cette jeune femme en pleurs devant un crâne sans vie. Un spectacle émouvant et terriblement cruel. Car il suffirait d’un souffle pour qu’il ne s’évanouisse à jamais. Pour que cette merveilleuse statue de cendres ne disparaisse à jamais… Pourtant, je ne peux m’empêcher de caresser son visage délicat. D’en découvrir chaque contour. Des contours qui me sont péniblement familiers.
- Marie ? Oui… C’est bien toi. Je suis si désolé… oh ma tendre Marie… si désolé de ne pas avoir su te protéger.
Et soudain, comme si elle avait entendu mes mots, elle disparut dans un nuage étincelant. Libérée de toute douleur, elle partit rejoindre les anges, me laissant errer seul sur cette terre maudite.
Texte de L.S.Martins (30 minutes chrono).
Image par Stefan Keller de Pixabay : Douleur Femme Pleurer - Photo gratuite sur Pixabay
D'après le texte de L.S.Martins du 12 octobre 2020 (25 minutes chrono, sans relecture).
Un soleil pâle se lève sur les plaines ardentes. Les ruines d’une cathédrale splendide surplombent tristement le funeste paysage. Une pluie glaciale a étouffé les flammes paresseuses qui léchaient les vestiges d’un assaut meurtrier. Une délicieuse odeur de terre mouillée, portée par une brise légère, s’échappait du sol meurtri par cette sombre nuit. Contraste saisissant…
L’ennemi nous avait attaqués aux douze coups de minuit, détruisant tout sur son passage. Que nous voulait-il ? Les femmes et les enfants ne furent pas épargnés. J’eus à peine le temps de cacher ma tendre épouse dans notre cave avant qu’il n’entre dans notre foyer. Je sens encore le sang chaud couler sur ma poitrine… Le regard triste de ma bien-aimée à travers les lattes du plancher.
Les premières lueurs du jour commencent à briller sur notre village. Il n’en reste rien. Le feu a consumé toute trace de notre pitoyable existence. Tout sauf cette scène étrange… ému par sa beauté. Une jeune femme en pleurs devant un crâne sans vie. Il suffirait d’un souffle, d’un effleurement, pour qu’elle ne disparaisse elle aussi à jamais. Et pourtant, je ne pus m’empêcher de caresser son visage délicat… Comme pour soulager sa détresse.
« Marie… Oui, c’est bien toi. Je suis si désolé, ma tendre Marie, de ne pas avoir su te protéger… »
Soudain, dans un nuage étincelant, elle disparut, libérée de toute douleur. Elle partit rejoindre les anges, me laissant errer seul sur ces terres maudites.
Marjolaine Talitha 2 years ago
Les morts ne savent rien. 😅 C'est tellement bien raconter que ça donne l'impression d'être des faits vécus que tu rapportés. On s'accroche on lit jusqu'à la fin avant de se souvenir que un mort ne ressent plus rien, aucune douleur.
L. S. Martins 2 years ago
Merci beaucoup :-)
Oui... seuls les vivants souffrent après la disparition d'un être cher.