Loin de la foule déchaînée (Far for the Madding Crowd, John Schlesinger, 1967)
Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Loin de la foule déchaînée (Far for the Madding Crowd, John Schlesinger, 1967)
Remarquable quatuor d'acteurs (Julie Christie pour sa troisième et dernière collaboration avec John Schlesinger, Alan Bates, Peter Finch et Terence Stamp) pour une fresque romanesque adaptée de l'écrivain britannique Thomas Hardy (également auteur de "Tess d'Uberville" adapté par Polanski en 1979) qui ne l'est pas moins. En rupture avec la trilogie anglaise ancrée dans des univers contemporains et urbains, "Loin de la foule déchaînée" se situe comme l'oeuvre originale au XIX° siècle dans les paysages du Dorset au sud-ouest de l'Angleterre. Le film est une réussite esthétique autant qu'une belle étude de moeurs. Julie Christie campe une femme de tête en avance sur son temps puisqu'elle dirige avec autorité une exploitation agricole, seule femme dans un univers très masculin en pleine ère victorienne. Elle est courtisée par trois hommes. Deux représentent les pôles extrêmes d'un même axe. D'un côté William Boldwood, le riche et solitaire propriétaire de la ferme voisine développe une obsession maladive pour la jeune femme qu'il harcèle pour lui passer la bague au doigt. De l'autre, le sergent Troy, un séducteur impétueux comme elle pour qui elle éprouve une vraie passion mais qui s'avère totalement inadapté à la gestion d'une ferme (et par extension, du réel). Entre les deux, le berger Gabriel Oak ("chêne") représente une force de la nature sur lequel elle peut compter sans risquer de se faire dominer par lui. Au contraire puisqu'ayant tout perdu dans une scène spectaculaire, il s'est mis à son service. En maintes circonstances (un feu, un orage, une maladie mystérieuse qui ravage un troupeau de moutons), il s'avère être d'un précieux secours. La mise en scène dynamique et elliptique de John Schlesinger ainsi que sa façon de donner vie au décor et aux éléments naturels qui entrent en résonnance avec les émotions des personnages confère beaucoup de modernité à ce qui aurait pu être une lourde reconstitution en costumes.