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Tout simplement noir (Jean-Pascal Zadi, 2020)

Tout simplement noir (Jean-Pascal Zadi, 2020)

Publié le 13 août 2020 Mis à jour le 13 août 2020 Culture
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Tout simplement noir (Jean-Pascal Zadi, 2020)

"Tout simplement noir", vraiment? Le film aurait pu s'intituler "50 nuances de noir" ou bien "La communauté noire, combien de divisions?" ou bien encore "Qu'est ce que la négritude aujourd'hui en France?" et "comment est-elle représentée dans les médias?". Une question simple pour une réponse complexe. D'ailleurs le film pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Fonctionnant sur le modèle du faux documentaire et du film à sketchs, patchwork inégal et souffrant de fréquentes baisses de rythme, le film est aussi un conte voltairien dans lequel JP, comédien aussi raté que candide (Jean-Pascal ZADI) qui veut organiser une marche de la fierté noire et un cynique (Fary) qui lui ouvre les portes du show biz découvrent que les noirs qu'ils rencontrent n'entrent pas dans la définition stéréotypée et restrictive que JP donne de "ce qui est noir" à savoir des critères physiques (peau foncée, cheveux crépus), de genre (être un homme) et généalogiques (descendre d'esclaves). Il se retrouve bien embêté face à l'ancien footballeur Vikash Dhorasoo qui est d'origine indienne et a les cheveux lisses puis face à Eric JUDOR qui est métis à la peau claire et met d'abord en avant ses origine autrichiennes. Évidemment les afro-féministes entrent rapidement en lice pour protester contre l'absence des "soeurs" à la fête. D'autres obstacles se dressent sur la route du grand dadais naïf aux dents proéminentes qui a l'art de se mettre tout le monde à dos: les intellos qui lui reprochent le choix de la date estimant qu'elle correspond à l'histoire des blancs, les autres minorités (arabes et juifs) qui veulent faire entendre leurs voix, ceux qui préfèrent être définis par leurs compétences plutôt que la couleur de leur peau, ceux qui s'accusent mutuellement d'être le mauvais noir de l'autre (désopilante séquence entre les réalisateurs Lucien JEAN-BAPTISTE et Fabrice ÉBOUÉ). Et puis il y à les clichés qui collent aux basques des noirs à qui on propose toujours les mêmes types de rôles. La palme va à la séquence très politiquement incorrecte où Mathieu KASSOVITZ qui cherche un "vrai noir" (sous entendu un sauvage africain et non un lascar des banlieues) va jusqu'à mesurer l'écartement des narines de JP, geste de sinistre mémoire. Zadi dégomme par l'absurde aussi bien l'essentialisation raciste que le communautarisme tout en faisant preuve ainsi que ses camarades people d'une bonne dose d'autodérision (Soprano qualifié de "rappeur des collèges", Fary et son opportuniste film "Black Love" pompé sur "Moonlight" (2016)" etc.) Plus profondément encore, c'est la part noire de l'identité française, occultée par l'histoire officielle que restaure JP Zadi qui bâtit une œuvre bien plus civique que celle des programmes scolaires. On lui pardonne d'autant plus aisément les maladresses de forme de son film.

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