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La vie de bohème (BOHEEMIELÄMÄÄ,Aki Kaurismäki, 1992)

La vie de bohème (BOHEEMIELÄMÄÄ,Aki Kaurismäki, 1992)

Publié le 7 mars 2022 Mis à jour le 7 mars 2022 Culture
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La vie de bohème (BOHEEMIELÄMÄÄ,Aki Kaurismäki, 1992)

"La vie de bohème" est l'adaptation toute personnelle par Aki KAURISMÄKI du livre "Scènes de la vie de bohème" de Henry Murger publié en 1851 dont la postérité est surtout due à la popularité de l'opéra de Puccini (ce qui explique sans doute que Aki Kaurismäki ait inséré dans son film une scène où les compagnes des artistes, Mimi et Musette vont à l'opéra, même si c'est pour y écouter du Mozart et faire dire à leurs homme que l'opéra est mort). On peut y ajouter également les allusions explicites à des poètes français ayant vécu ou célébré la vie de bohème (Baudelaire et Rimbaud en premier lieu).

Henry Murger disait que la bohème était impossible en dehors de Paris. Pourtant, il a bien fallu que Aki KAURISMÄKI délocalise son film en banlieue (plus précisément à Malakoff) afin de donner à son film l'esthétique des années cinquante qu'il affectionne particulièrement. Hommage à la France et aux cinéastes français qui l'ont inspiré (René CLAIR, Marcel CARNÉ, Jacques BECKER etc.) "La vie de bohème" est ainsi un étonnant mélange spatio-temporel (comme le sera vingt ans plus tard "Le Havre" (2011)) traitant de problématiques contemporaines à travers un filtre résolument nostalgique et réunissant un casting franco-finlandais dans lequel on distingue André WILMS et Evelyne DIDI que l'on retrouve tous deux dans "Le Havre" (2011). André WILMS dont c'était la première collaboration avec le cinéaste finlandais y interprète d'ailleurs le même personnage, Marcel Marx, un écrivain-philosophe désargenté qui se reconvertira ensuite dans le cirage de chaussures. Les thématiques de l'immigration et de la maladie sont communes au deux films (au travers de son ami peintre Rodolfo et sa compagne Mimi dans "La vie de bohème"). Autre acteur commun, Jean-Pierre LÉAUD qui joue le rôle d'un collectionneur (dans "Le Havre" il se fera délateur). L'humour absurde débité sur un ton pince-sans-rire est savoureux (le "C'est ma mère" dit par un Rodolfo albanais joué par l'acteur finlandais Matti PELLONPÄÄ devant son autoportrait vaut bien Marcel Marx se dépeignant en albinos africain dans "Le Havre") rehaussant un mélodrame résolument mélancolique et sans perspectives autre que la survie au jour le jour mais qui célèbre l'amitié, la solidarité et l'idéalisme un peu fou de ces artistes qui comme le chantait si bien Anne Sylvestre "passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté".

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