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Down by Law (Jim Jarmusch, 1986)

Down by Law (Jim Jarmusch, 1986)

Publié le 4 avr. 2020 Mis à jour le 4 avr. 2020 Culture
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Down by Law (Jim Jarmusch, 1986)

Je n'avais pas revu ce film depuis environ un quart de siècle dans le cadre d'un cycle Jim JARMUSCH mais si je ne me souvenais plus de l'intrigue, je me rappelais en revanche très bien de l'ambiance. Celle d'un film qui commençait de façon aussi neurasthénique que ses deux prédécesseurs, "Permanent Vacation" (1980) et "Stranger than Paradise" (1984) avant d'être revitalisé d'un coup de baguette magique par la joie de vivre et la chaleur humaine dégagée par le personnage de Roberto BENIGNI. Mais en fait le film a un côté bouffon dès le début avec une première partie construite en montage parallèle nous narrant les mésaventures tragi-comiques de Jack (John LURIE) et Zack (Tom WAITS) alias "Bonnet blanc et Blanc bonnet". Leurs prénoms sont quasi identiques (Roberto d'ailleurs les confond) et leurs trajectoires sont parfaitement parallèles ce que souligne aussi bien la mise en scène que la narration. Tous deux sont des types minables du genre avachi qui ont l'air de passer leur temps à se défoncer ou à broyer du noir à longueur de journée sous l'œil consterné ou goguenard d'une femme alanguie ou furibarde qu'ils n'ont pas l'air de vraiment voir. Il n'est guère étonnant que ces types un peu à côté de leurs pompes se fassent grotesquement piéger (ça ne m'avait pas fait rire la première fois mais le comique de situation m'est apparu assez savoureux la seconde) et se retrouvent dans la même cellule de prison d'abord à s'ignorer superbement puis à force de promiscuité forcée, à se bouffer le nez.

Et c'est donc au moment où ils vont s'entretuer qu'apparaît le troisième larron Roberto qui est enfermé avec eux. D'un dynamisme et d'une jovialité à toutes épreuves malgré un anglais approximatif il va d'abord alléger l'épreuve du confinement ^^ au point de réussir à tirer une esquisse de sourire (à mon avis il n'a pas eu besoin de se forcer) à John LURIE qui est plutôt du genre à tirer la tronche. Puis par ses connaissances littéraires et cinématographiques il va ouvrir une fenêtre dans le mur de la cellule et permettre à ses camarades d'infortune de s'évader au sens propre comme au sens figuré. Commence alors une drôle d'odyssée dans le "Deep South" (l'histoire se déroule à la Nouvelle-Orléans) où là encore la générosité de Roberto est décisive pour maintenir la cohésion du groupe. Dans ce film où la beauté de la photographie se combine avec une précision géométrique de la mise en scène, celle où Roberto cuisine un lapin pour eux trois tandis que les deux autres après s'être disputés tentent de partir chacun de leur côté montre que le parallélisme des destins de Jack et de Zack s'est transformé en une figure triangulaire dont Roberto constitue le sommet (là où les lignes de fuite convergent). Cette figure triangulaire culmine dans la scène de l'auberge. Alors que Roberto s'y engouffre avec confiance les deux autres, manifestant leur nature fuyante partent se cacher avant que la faim ne les poussent à rappliquer une fois de plus vers le sommet du triangle, là où se nichent la chaleur et la convivialité. Ils découvrent alors le rapport que Roberto entretient avec le sexe opposé, à l'opposé du leur (évidemment). C'est tout le sens de la scène de danse où Jack et Zack dont la relation aux femmes est fondée sur une impossibilité glaciale regardent depuis l'arrière plan Roberto et Nicoletta, son double féminin (Nicoletta BRASCHI) danser étroitement enlacés et visiblement très amoureux. Il n'est guère étonnant qu'en perdant celui qui les liait, Jack et Zack repartent, cette fois définitivement sur des chemins divergents, reformant le V du triangle, ouvert vers des perspectives inconnues.

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