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Top of the Lake (Jane Campion, 2013)

Top of the Lake (Jane Campion, 2013)

Publié le 17 févr. 2020 Mis à jour le 17 févr. 2020 Culture
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Top of the Lake (Jane Campion, 2013)

"Top of the lake" est une mini-série réalisée par Jane CAMPION d'une grande richesse thématique et formelle. Construit sur des dichotomies telles que le ciel et l'enfer, la nature et la culture ou encore les hommes et les femmes, l'histoire brouille cependant les pistes et joue beaucoup sur les apparences trompeuses. En dépit de son décor naturel majestueux, le site de Lake Top est un cul-de-sac, un lieu clos dans lequel on étouffe. Nombre de maisons abritent d'hideux secrets dans leurs sous-sols (du genre de celui de l'affaire Fritzl qui avait inspiré le roman "Claustria" à Régis Jauffret). Le patriarcat y règne en maître ainsi que la culture du viol dont les femmes et les enfants sont les principales victimes. "Top of the lake" a d'ailleurs été comparé à "Le Ruban blanc (2009) qui montre comment à l'intérieur d'une communauté la violence se transmet de génération en génération en écrasant les plus faibles.

Cependant, si tout le monde est trempé jusqu'au cou dans la violence machiste (le langage des femmes comme celui des hommes est celui des armes et fait des dégâts irréparables) "Top of the lake" raconte comment celles-ci réussissent à réinvestir le champ occupé par les hommes avec la nature pour alliée. De manière très symbolique, l'une des premières scènes de la mini-série voit l'un des caïds du bled, Matt Mitcham (Peter MULLAN) tenter sans succès de chasser le groupe de femmes qui s'est installé sur son ancienne propriété ironiquement appelée "Paradise". Plus tard il tentera par la ruse puis la force de leur reprendre ce qu'il considère comme son bien. De façon tout à fait symbolique, ces femmes d'âge mûr rejetées par les hommes (selon un schéma tout à fait classique) se sont regroupées autour de GJ, une sorte de gourou new-âge aux réparties cinglantes, interprétée par une Holly HUNTER qui s'est fait la tête de Jane CAMPION! Mais le combat entre hommes machistes et leurs victimes prend des formes multiples. Comme dans "Le Silence des agneaux" (1991) de Jonathan DEMME, Robin, une femme-flic déterminée mais vulnérable (Elisabeth MOSS) doit composer avec une hiérarchie masculine plus que trouble à son égard et descendre au plus profond de ses traumatismes passés pour parvenir à résoudre l'énigme de la disparition d'une fillette enceinte à laquelle elle s'identifie profondément. La manière désinvolte dont est traité le dossier de Tui (qui en plus d'être une fille très jeune est par sa mère d'origine thaïlandaise) est tout à fait édifiante, de même que les méthodes brutales du supérieur de Robin, Al Parker (David WENHAM) pour faire parler les jeunes délinquants qu'il arrête. Sans parler de la façon dont il les exploite sous couvert de les réinsérer. Derrière son apparence respectable et ses manières protectrices, il pourrait s'avérer être un prédateur bien plus redoutable que le parrain de la drogue Matt Mitcham.

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