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Le Monde perdu: Jurassic Park (Steven Spielberg, 1997)

Le Monde perdu: Jurassic Park (Steven Spielberg, 1997)

Publié le 22 févr. 2020 Mis à jour le 22 févr. 2020 Culture
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Le Monde perdu: Jurassic Park (Steven Spielberg, 1997)

La suite de "Jurassic Park" (1993), réalisée également par Steven SPIELBERG ne bénéficie pas de la même aura que son prédécesseur. Il faut dire que celui-ci avait bénéficié d'un effet de surprise qui ne peut plus opérer. Le scénario du "Monde perdu" a donc un petit côté réchauffé et les personnages sont globalement moins travaillés. Mais il n'en reste pas moins un très bon film tant sur la forme que sur le fond. Sur la forme, il se distingue par des scènes d'action spectaculaires toujours aussi remarquablement mises en scène. Celle de la caravane est un morceau d'anthologie. Quant aux effets spéciaux ils sont évidemment toujours aussi intelligemment utilisés de façon à servir le récit et à nourrir l'émotion. Sur le fond, on retrouve une critique acerbe des actions inconsidérées de l'homme sur la nature pour des motifs aussi peu avouables que la cupidité et la vanité avec des références à plusieurs films des années 20 et 30. Tout d'abord "King Kong" (1932) est ouvertement cité sauf que le gorille géant est remplacé par un T.Rex qui est arraché à son île par des chasseurs à la solde du neveu de John Hammond (devenu écologiste entre temps et donc écarté des affaires ^^) théoriquement pour servir de tête de gondole à un projet de parc d'attraction à San Diego en réalité pour venir semer le bazar en pleine ville. Ensuite l'arrivée du bateau fantôme en pleine ville avec son chargement funeste a quelque chose de "Nosferatu le vampire" (1922), la touche d'ironie en plus (j'adore quand le T.Rex défonce la barrière du port indiquant que les animaux et végétaux importés sont interdits à partir de "ce point", comme si l'homme espérait ainsi empêcher la propagation d'une épidémie, une peur qui est loin d'avoir disparu comme le montre l'exemple actuel du coronavirus). Enfin le titre choisi par Steven SPIELBERG est un hommage au film éponyme de Harry O. HOYT de 1925 dans lequel évoluaient les dinosaures animés en stop motion de Willis O'Brien, également créateur de King Kong. Le plateau à l'écosystème du jurassien coupé du reste du monde imaginé par Conan Doyle est devenue une île menacée. Le fait d'avoir choisi des films de cette époque, dont un allemand n'est pas innocent. Beaucoup de critiques ont souligné à quel point Steven SPIELBERG était hanté par "La Liste de Schindler" (1993) tourné quatre ans plus tôt. De fait "Le Monde perdu" est plus sombre, plus violent et plus désenchanté que "Jurassic Park" (1993). Il illustre la tendance profondément autodestructrice de l'homme qui a le don de désirer ce qui est susceptible de lui faire le plus de mal. Le neveu de John Hammond (Arliss HOWARD) et sa quête insensée du profit, le chasseur Roland Tembo (Peter POSTLETHWAITE) obsédé par l'idée de compléter sa collection de trophées de chasse ou encore l'un de ses acolytes qui s'amuse avec un plaisir sadique à lancer des décharges électriques sur des espèces qui n'ont pourtant manifesté aucune intention agressive à son égard sont trois exemples édifiants du mal humain. Face à eux, c'est moins Ian Malcom (Jeff GOLDBLUM) qui s'impose (pour les besoins du film il est plus homme d'action que de réflexion ce que je trouve dommage) que sa petite amie, le Dr Sarah Harding (Julianne MOORE) qui est comparée à juste titre à Dian Fossey, la célèbre primatologue américaine immortalisée par Sigourney WEAVER dans "Gorilles dans la brume" (1988). Dian Fossey qui paya de sa vie son engagement en faveur des gorilles en raison des intérêts puissants qu'elle contrariait que ce soit ceux des braconniers, ceux des éleveurs ou ceux des trafiquants de bébés gorilles dont certains étaient hauts placés. On en comprend d'autant mieux le parallèle avec King Kong.

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