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Hôtel du Nord (Marcel Carné, 1938)

Hôtel du Nord (Marcel Carné, 1938)

Publié le 10 juil. 2021 Mis à jour le 10 juil. 2021 Culture
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Hôtel du Nord (Marcel Carné, 1938)

Ah mais quel bonheur de humer de nouveau l'atmosphère de ce Paris disparu des années 30, un Paris d'époque plus vrai que nature, un Paris des petites gens avec leur gouaille et leur accent inimitable, une vraie vie de quartier qui est en train aujourd'hui d'agoniser, le canal Saint-Martin devenant pour le coup comme nombre d'autres lieux d'intérêts du centre de Paris un décor pour touristes plus fake que celui que le génial Alexandre TRAUNER a construit pour les scènes reconstituées en studio du film. Alors certes, le réalisme poétique de Marcel CARNÉ doit se passer de son dialoguiste et scénariste d'exception, Jacques PRÉVERT mais cela est compensé par une galerie de personnages hauts en couleur qui sont chacun comme autant de poèmes faisant claquer les répliques avec leurs intonations, leur phrasé si particulier. La scène d'ouverture chorale de la première communion dans un hôtel en forme d'auberge espagnole (Cédric KLAPISCH se situe en effet totalement dans cette filiation et le petit Manolo rappelle la guerre d'Espagne alors toute proche) est un savoureux et plantureux repas pour gourmets cinéphiles entre un jeune Bernard BLIER (qui avait encore des cheveux) voué à jouer les compagnons soumis et cocufiés auprès d'une Paulette DUBOST jouant un rôle proche de la Lisette de "La Règle du jeu" (1939) un François PÉRIER féminin tout juste sorti de l'adolescence, un ANDREX baratineur et séducteur préfigurant Pierre BRASSEUR sous le regard bienveillant des aubergistes, Jane MARKEN (abonnée au rôle mais aussi sympathique dans ce film qu'elle est fielleuse et minaudière dans "Les Enfants du paradis") (1943) et André BRUNOT. En dépit du raciste local, le flic joué par Marcel MELRAC, l'accueil se fait à bras ouverts, même vis à vis de quelques personnages moins fréquentables qui ne sont pas invités à table mais vivent dans le même hôtel. Il s'agit du drôle de couple formé par Raymonde ( ARLETTY, révélée par le rôle) une prostituée forte en gueule et en punchlines cultes (tout le passage atmosphérique est en tête de gondole mais il y en a d'autres) et par Monsieur Edmond (Louis JOUVET) son proxénète au visage indéchiffrable qui semble se cacher. Et puis il y a l'autre couple, celui de la chambre 16 dont je me suis toujours demandé s'il n'avait pas inspiré le titre de Édith PIAF, "Les Amants d'un jour". Volontairement ectoplasmique, ce couple n'a d'intérêt que dans la mesure où il sert de révélateur aux autres personnages. Revenue d'entre les morts, Renée ( ANNABELLA) est accueillie à bras ouverts dans la fameuse auberge et se retrouve dans la position de celle devant qui les hommes jettent le masque. C'est ainsi qu'elle et Adrien évoquent de façon parfaitement naturelle l'homosexualité de ce dernier (alors qu'on est en 1938!!) puis que Monsieur Edmond se dévoile à elle dans un tête à tête qui m'a rappelé celui de "L Extravagant Mr. Deeds" (1935) quand, assis sur le banc d'un parc au milieu de la nuit, Babe (Jean ARTHUR) ouvre son coeur à Deeds (Gary COOPER). Que dire alors de la magnificence de la prestation de Louis JOUVET qui passe littéralement de l'ombre à la lumière et dont la retenue dans l'expression des sentiments me fait penser à celle de Anthony HOPKINS. Comme le dit son personnage tragique mais digne, au moins il aura vu plus de pays en trois jours que durant tout le reste de son existence. Même une séquence aussi banale en apparence qu'une déclaration d'amour prend une saveur particulière rien qu'en écoutant les acteurs parler d'un débit si rythmé qu'il en devient presque musical. Donc désolé mais à mes yeux "Hôtel du Nord" (1938) est un joyau et non un film de "seconde zone" dans la carrière de Marcel CARNÉ.

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