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Sicko (Michael Moore, 2007)

Sicko (Michael Moore, 2007)

Publié le 24 mars 2020 Mis à jour le 24 mars 2020 Culture
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Sicko (Michael Moore, 2007)

Si la grandeur d'une nation se mesure comme le dit Michael MOORE (et beaucoup d'autres humanistes d'hier et d'aujourd'hui à travers le monde tel le Mahatma Gandhi) à la façon dont elle traite ses citoyens les plus faibles, alors les Etats-Unis qui sont pourtant la soi disant première puissance mondiale pointent à l'une des dernières places du classement mondial. De toutes les nations industrialisées, les USA sont les seuls à ne pas posséder de système de santé universel et leurs indicateurs dans ce domaine sont indignes de leur rang. Et l'Obamacare, largement attaqué par Trump n'a pas fondamentalement changé la donne tant les intérêts en jeu (comme dans le domaine des armes) sont puissants.

Dans la première partie de son documentaire-pamphlet de 2007, de loin la plus réussie, Moore démontre à l'aide d'exemples édifiants et d'images d'archives l'inhumaine logique d'un système de santé entièrement sous la botte du libéralisme autoritaire. Le résultat fait froid dans le dos. La santé est à la fois un juteux business abandonné aux mains des industries pharmaceutiques et des assurances privées et un moyen de coercition des masses, terrorisées à l'idée de perdre leur emploi sur lequel est indexé la plupart du temps leur droit ou non d'avoir une assurance santé. Moore se focalise moins sur les 50 millions d'américains (un sur 6) dépourvus d'assurance que sur les classes moyennes sensées être assurées mais qui découvrent à leurs dépends toutes les combines que celles-ci imaginent pour les priver des soins auxquels elles ont droit. Les logiques de profit qui les sous-tendent les pousse à refuser d'assurer les plus fragiles et à cesser de prendre en charge leurs clients dès que les problèmes de santé de ceux-ci deviennent trop coûteux. Cette marchandisation sordide de la vie humaine aboutit au sacrifice délibéré de milliers de personnes sur lesquelles prospèrent ces institutions financières avec la complicité de l'ensemble du monde politique dont elles financent généreusement les campagnes électorales avec l'argent qu'elles volent aux malades. Moore démontre ainsi une société gangrenée par des sommets de corruption et de cynisme à des années lumières des idéaux fondateurs de l'Etat-nation américain.

La deuxième partie de son documentaire, beaucoup plus fantaisiste consiste à comparer le système de santé des USA à celui de quatre autres pays: le Canada, le Royaume-Uni, la France et Cuba. Moore ne fait pas dans la dentelle et idéalise les systèmes de santé de ces quatre pays. N'importe quel français sait (et particulièrement en ce moment) à quel point notre système de santé est malade à force de rabotages budgétaires mais Moore le trouve merveilleux et en rajoute dans les clichés même si en 2007, il était beaucoup moins dégradé qu'aujourd'hui. En revanche sa comparaison entre les USA et Cuba bien connu pour la qualité de son système de santé en dépit de sa pauvreté fait réfléchir. En particulier lorsqu'y emmène des malades américains laissés pour compte du 11 septembre et que ceux-ci découvrent ébahis que les soins que l'on paie des fortunes aux USA ne coûtent rien à Cuba alors que la "médecine socialisée" est diabolisée aux USA, cette désinformation prospérant sur la crédulité des américains persuadés de vivre dans le meilleur pays du monde.

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