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Buena Vista Social Club (Wim Wenders, 1999)

Buena Vista Social Club (Wim Wenders, 1999)

Publié le 30 mai 2020 Mis à jour le 30 mai 2020 Culture
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Buena Vista Social Club (Wim Wenders, 1999)

Si l'inspiration de Wim Wenders  en matière de films de fiction s'est tarie à partir du début des années 90, son talent de documentariste a pris le relai pour offrir quelques pépites supplémentaires à sa filmographie, dont ce superbe "Buena Vista Social Club" qui a transformé un groupe de (géniaux) vieux musiciens cubains en stars mondiales.

"Buena Vista Social Club" était à l'origine une boîte de nuit située dans la banlieue de la Havane où ces musiciens se produisaient dans les années 40 et 50 pour des américains en goguette venus se payer des prostituées (la Havane était alors surnommée "le bordel des Caraïbes" et toute une industrie du tourisme sexuel en découlait). Mais avec la révolution castriste, le lieu, symbole de la sujétion de Cuba aux USA fut détruit. Les musiciens furent les victimes collatérales de l'effondrement de ce système néo colonial mafieux car ils perdirent leur travail et furent réduits pour la plupart d'entre eux au silence et à la misère. Jusqu'au jour où au milieu des années 90 un britannique, le producteur Nick Gold fondateur du label World Circuit et un américain le guitariste et producteur Ry Cooder eurent l'idée d'aller à Cuba pour faire des enregistrements avec ces vieilles légendes oubliées qui ne s'étaient plus côtoyées depuis des lustres*. L'album du groupe fut un succès international et conduisit Ry Cooder à retourner à Cuba en 1998 pour l'enregistrement d'un second album collectif, cette fois accompagné de son ami et collaborateur Wim Wenders bien décidé à filmer la résurrection du groupe et par la même, rétablir un pan oublié de l'histoire cubaine**. 

Le résultat est une galerie de portraits attachants et hauts en couleur célébrant la vitalité intacte et le talent incroyable de ces musiciens qui ont été ainsi immortalisés par la caméra de Wim Wenders. Le grand public a pu ainsi découvrir entre autre:

- Le chanteur et joueur de guitare cubaine Compay Segundo, 90 ans alors au compteur mais toujours vert (il évoque quand même face caméra le bonheur des nuits d'amour et son désir d'avoir un sixième fils), son éternel cigare, l'élégance de ses costumes et de ses panamas;

- Le chanteur Ibrahim Ferrer, 70 ans, issu d'un mélange sino-africain, sa panoplie de casquettes et sa grande douceur (à l'image de sa musique);

- Ruben Gonzalez, 80 ans le pianiste prodige à la barbe blanche et aux chemises bariolées;

- Eliades Ochoa, 50 ans (il est d'ailleurs encore en vie contrairement à ses trois aînés), le chanteur et guitariste aux chapeaux de cowboy.

Avec eux et d'autres, le public international a découvert le son cubain, un genre musical ancêtre de la salsa, du mambo et du cha-cha-cha, mais plus lent et mélancolique. Le tube planétaire "Chan-Chan" donne un bon aperçu de ce genre musical.

* La genèse du premier album est en fait le fruit d'un heureux concours de circonstances. Ni Nick Gold, ni Ry Cooder ne connaissaient l'histoire et les membres de l'ancien "Buena Vista social club". Ils étaient allés à Cuba pour rechercher des musiciens dans l'idée de faire un album de musique cubaine et africaine dans la ligne éditoriale du label World Circuit Records. Mais les musiciens maliens n'obtinrent pas leur visa pour rejoindre la Havane et restèrent bloqués à Paris. Dans l'urgence, Ry Cooder se tourna vers le coordinateur du projet à la Havane, Juan de Marcos Gonzales qui en quelques jours parvint à retrouver Ibrahim Ferrer qui en était réduit à faire les poubelles pour vivre, Ruben Gonzales qui n'avait plus touché un piano depuis dix ans et de fil en aiguille tous les autres avec la suite que l'on connaît.

** On le devine, gérer le succès triomphal et international d'un groupe lié à une histoire que Castro avait voulu effacer s'est avéré délicat pour le régime cubain.

 

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