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Place publique (Agnès Jaoui, 2018)

Place publique (Agnès Jaoui, 2018)

Publié le 18 janv. 2022 Mis à jour le 18 janv. 2022 Culture
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Place publique (Agnès Jaoui, 2018)

Le dernier des cinq films co-écrits par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et réalisé par Agnès Jaoui est passé relativement inaperçu à sa sortie, éclipsé par "Le Sens de la fête" sorti quelques mois auparavant et présentant certaines similitudes (oeuvre d'un duo, casting masculin intégrant dans les deux cas Jean-Pierre Bacri et Kevin Azaïs, cadre identique d'une fête dans une demeure luxueuse à l'écart de la ville). Mais là où "Le Sens de la fête" conservait un ton bon enfant et rendait ses personnages attachants tout en faisant beaucoup rire, "Place publique", satire visant l'air du temps, les bobos parisiens et le show-biz délocalisant leurs fêtes bling-bling dans le rural périurbain a un ton amer, limite aigri, qui vire au jeu de massacre. Le résultat est inégal. Si les dialogues sont globalement savoureux, les personnages tendent à être réduits à des caricatures (le présentateur TV people has-been inspiré d'Ardisson qui refuse de vieillir et étouffe sa compagne de sa jalousie, son ex-femme engagé dans l'humanitaire qui emmerde à peu près tout le monde, leur fille qui surfe sur la notoriété de son père pour vendre ses livres tout en crachant dans la soupe, la productrice cynique, le quinquagénaire en plein démon de midi, l'agriculteur bio sans TV ni internet, l'agriculteur bourrin et son fusil, le youtubeur influenceur* et ses fans incarnant la jeune génération célèbre pour le seul fait de passer à l'écran, la serveuse groupie qui n'en fiche pas une rame et n'est là que pour faire des selfies etc.) Tout ce remue-ménage paraît bien vain à force de tourner en rond en ne remuant que des lieux communs et de l'artificiel. Quelques séquences un peu plus denses humainement entre Kevin Azaïs (qui incarne un chauffeur qui n'est pas sans rappeler celui que jouait Gérard Lanvin dans "Le Goût des autres") et Nina Meurisse ("la fille de" qui rappelle lointainement la Lolita de "Comme une image") ainsi que la mélancolie que distille Jean-Pierre Bacri valent le détour. Sa reprise du "Osez Joséphine" de Alain Bashung lors du générique de fin lui offre une porte de sortie à sa hauteur dans le cinéma français auquel il continue de manquer terriblement.

* La passe d'arme entre lui et Castro (alias Bacri) fait certainement allusion à la séquence de "Salut les terriens" en 2017 durant laquelle Ardisson se montra méprisant envers le youtubeur Squeezie et ses 9 millions d'abonnés, illustrant le fossé culturel et technologique entre les générations et l'incapacité des plus anciens d'accepter leur déclin (les exemples sont légion d'anciens rois du petit écran incapables de raccrocher les gants et débarqués de force, de PPDA à Julien Lepers ou qui continuent de s'accrocher à leur poste en dépit de leur âge avancé comme Michel Drucker ou... Thierry Ardisson). 

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