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La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier, 2010)

La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier, 2010)

Publié le 19 févr. 2022 Mis à jour le 19 févr. 2022 Culture
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La princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier, 2010)

Bertrand Tavernier a souvent excellé dans le genre du film historique en réussissant à y insuffler la vie (... et rien d'autre). Cependant, je suis plus partagée sur "La Princesse de Montpensier" que je trouve inégal. Je n'ai pas lu la nouvelle de Mme de La Fayette (je n'en connaissais d'ailleurs pas l'existence avant la sortie du film) mais soit elle ne fournit pas assez de matière pour tenir la route sur la durée d'un long-métrage, soit Bertrand Tavernier et son scénariste n'ont pas su en tirer le meilleur parti. L'histoire tient tout entière sur un paradoxe: une femme a le pouvoir de faire tourner la tête de tous les hommes qu'elle croise (un peu comme le miel et les abeilles ^^) alors qu'elle n'a pourtant comme toutes les femmes de son époque et de sa condition aucune prise sur sa propre vie. Dans la société patriarcale où elle vit, c'est son père, puis son mari qui décident de tout pour elle, la traitant comme un pion sur un échiquier. Plus profondément encore, cette femme découvre qu'elle est incapable de déchiffrer son propre coeur, découvrant trop tard que celui qu'elle croyait aimer n'était pas digne d'elle et qu'elle est passé à côté de celui qui l'aurait le plus mérité. 

Sur le papier, cette intrigue est très intéressante d'autant qu'elle se greffe sur la période troublée des guerres de religion et que la reconstitution historique (comme toujours chez Bertrand Tavernier) est particulièrement soignée avec une recherche du détail véridique qui tend à donner un caractère presque documentaire à l'époque ainsi recréée. Mais il n'en reste pas moins que le film souffre de trous d'air à répétition. La faute avant tout à une interprétation inégale. Si Lambert Wilson, excellent, se taille la part du lion avec un personnage tragique de proscrit, vétéran traumatisé par les horreurs de la guerre (quelque chose que semble éprouver intimement Bertrand Tavernier qui a fait la chair et le sang de ses meilleurs films) et ami dévoué souffrant en silence d'éprouver un amour non payé de retour, ses concurrents n'ont aucune consistance. Gaspard Ulliel qui dans d'autres films est très bon semble faire tapisserie (on est loin du personnage séducteur et cruel qu'il est censé incarner, Henri de Guise). Raphaël Personnaz ne m'a pas paru incarner un futur Henri III crédible. Mais le pire de tous est Grégoire Leprince-Ringuet, acteur (?) complètement figé qui ne parvient pas à faire exister son personnage de mari jaloux et possessif. Le film s'en trouve forcément déséquilibré d'autant que Mélanie Thierry a beau être très jolie, elle m'a parue elle aussi bien trop lisse. Comme son histoire recoupe celle de Marguerite de Valois, promise à un moment donné à Henri de Guise, des images de "La Reine Margot" m'ont alors traversé l'esprit et j'ai pensé tout à coup à ce que le film aurait été si Isabelle Adjani jeune avait interprété le rôle.

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