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Benedetta

Benedetta

Published Jun 28, 2024 Updated Jun 28, 2024 Culture
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Benedetta

Titre original : Benedetta

 

Année : 2021

 

Réalisateur : Paul Verhoeven

 

Pays : France, Pays-Bas, Belgique

 

Casting : Virginie Efira, Charlotte Rampling, Daphné Patakia, Lambert Wilson, Olivier Rabourdin, Louise Chevillotte, Clotilde Coureau

 

Résumé : Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dès son plus jeune âge, Benedetta est capable de faire des miracles et sa présence au sein de sa nouvelle communauté va changer bien des choses dans la vie des sœurs. (source : Senscritique.com)

 

Avis vite dit : Paul Verhoeven. Nonnes lesbiennes. Virginie Efira. Normalement, ces quelques mots devraient suffire à éveiller la curiosité (et l'envie d'en voir plus) chez n'importe qui. Si. N'insistez pas je vous dis que si. Pas la peine de nier, je ne vous croirai pas. Je ne sais pas qui a eu l'idée de génie de donner ce scénario au hollandais fou, mais ce choix est d'une telle évidence qu'il semble couler de source. C'est toujours, toujours un plaisir de retrouver Verhoeven derrière une caméra, quel que soit le film qu'il met en scène ou l'histoire qu'il nous raconte, ce type a une signature unique, un ton à lui, une science de l'image sans équivalent. Après, une histoire de bonnes-sœurs lubriques et lesbiennes, c'est carrément casse-gueule tant ça peut paraître cliché dans le plus mauvais sens du terme. Mais avec Verhoeven, ça passe crème, on ne s'en rend même pas compte en fait. Et puis, Virginie Efira, ce n'est pas le premier nom qui me serrait venu à l'esprit pour un tel rôle, j'avoue. Je la classe plus volontiers dans la comédie, voire la comédie romantique a priori. Comme quoi, les a priori c'est de la merde. Elle est Benedetta en chair et en os (et en chair surtout quand même). Elle l'incarne parfaitement, intégralement, j'allais dire religieusement. Ah oui, le petit plus qui ajoute du piquant au film : la phrase d'intro "ceci est inspiré d'une histoire vraie" donne un relief encore plus particulier au long métrage. On se retrouve au final avec un objet filmique très spécial, difficile à comparer à d'autres œuvres, presque unique en son genre. Étonnant de bout en bout, avec une caractéristique à la fois fascinante et dérangeante : on ne sait pas ce qu'il faut croire, ce qu'il faut en penser, ce qu'il faut en tirer comme conclusion. Le traitement de Verhoeven fait de Benedetta un personnage absolument incernable (à défaut d'impénétrable), et ça c'est très fort. Jusqu'à la fin, même à sa conclusion on ne sait pas avec certitude à qui on a à faire, et c'est à mon sens l'une des grandes réussites de ce film. Évidemment, alors que c'est l'une des caractéristiques principales du récit, je ne saurais ne pas en parler : il y a tout au long du long métrage de nombreuses scènes sulfureuses, de nu, de sexe, et ce mélange de cru et de sacré qui laisse ce sentiment de péché, de blasphème, d'incongruité également... Qui connaît la carrière de Verhoeven y verra la continuité naturelle de son œuvre, qui n'est pas familier de son art et/ou allergique aux scènes explicites (il y a plusieurs full frontal d'anthologie et une tension sexuelle quasi permanente) risque de se sentir mal à l'aise, ou pour le moins bousculé dans ses habitudes. Moi il m'en faut plus pour me bousculer hein. N'empêche que je suis contraint de concéder qu'on n'a plus l'habitude de voir ce type de scènes au cinéma depuis belle lurette. Et bon sang je me rends compte que ça manque et que ça en dit long sur ce que devient l'art cinématographique de nos jours (de plus en plus lisse, propret, dépourvu d'angles saillants, sage, morne, prévisible, et la liste est encore longue...) au nom de ce que certains nommeraient le politiquement correct, d'autres le respect, d'autres les bonnes manières, d'autres la bienpensance, d'autres encore ni plus ni moins que la censure... Alors certes, sur le fond ce film n'est pas parfait, ce n'est pas le chef-d’œuvre ultime et instantané, il est intéressant sans en devenir pour autant passionnant, je n'en ferai ni le film de l'année (quoique...) ni un film révolutionnaire. Mais pour toutes ses qualités, et surtout pour tout ce qui le distingue de la marée innombrable qui constitue le tout-venant de la production cinématographique actuelle, je le conseille vivement, je le loue et le salue comme il convient. Et pour conclure, merci à Paul Verhoeven d'exister et de nous proposer encore de temps en temps un film digne de ce nom.

Tous mes avis vite dits ont été initialement publiés sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com

 

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