Charulata (Satyajit Ray, 1964)
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Charulata (Satyajit Ray, 1964)
Romance feutrée dans une belle maison bourgeoise dont je n'ai pas oublié le couloir, orné de portes ouvertes et ouvragées, "Charulata" dépeint un triangle amoureux qui avance sans se voir et sans savoir. Une ironie suprême quand on voit combien la connaissance joue un rôle central dans leur vie. Le mari Bhupati (Shailen MUKHERJEE) tient un journal politique qui l'absorbe si complètement qu'il en délaisse sa femme et ne voit pas non plus les malversations de son beau-frère. Charulata (Madhabi MUKHERJEE) est une lectrice et une lettrée qui s'ennuie dans sa prison dorée et satisfait sans s'en rendre compte ses besoins libidineux à travers une paire de jumelles qui l'aident à observer le monde extérieur par le trou de la serrure. Et puis, il y a son jeune cousin Amal (Soumitra CHATTERJEE), féru de poésie qui vient séjourner chez eux. Bhupati y voit le moyen de combler les aspirations intellectuelles de sa femme sans comprendre que celle-ci par le truchement des jumelles peut observer sensuellement le beau jeune homme de dangereusement près. Ses émois se traduisent par les irruptions brusques du mouvement dans une vie figée. C'est donc Amal qui débarque avec le souffle du vent qui secoue la cage aux oiseaux pendue au-dessus de la coursive, c'est la scène dans laquelle il pousse la balançoire de Charulata dont on suit les balancements, hommage direct à"Une partie de campagne" (1946) de Jean RENOIR, mentor de Satyajit RAY. C'est aussi la scène dans laquelle il chante et brusquement, l'entraîne dans un mouvement de danse. C'est enfin après son départ, l'explosion de larmes de Charulata comme une digue qui cède et ouvre brusquement en grand les fenêtres, là encore sous la force du vent. A l'inverse, quand celle-ci retrouve son mari qui a fini mais un peu tard par tout comprendre, l'image se fige. Ce ne sont plus que des photogrammes privés de vie.