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Chaos (Coline Serreau, 2001)

Chaos (Coline Serreau, 2001)

Published Jun 21, 2020 Updated Jun 21, 2020 Culture
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Chaos (Coline Serreau, 2001)

Avec son commando bazooka composé d'elle-même munie de sa caméra coup de poing et de ses deux actrices chocs, l'une équipée d'une poutre en bois et l'autre d'un lance-flamme, on sent que le patriarcat va vivre un sale quart d'heure. De fait Coline Serreau a réalisé une satire sur le sexisme aussi drôle que violente et dérangeante en forme de succession d'uppercut plus jouissifs les uns que les autres où bourgeois et prolos, immigrés et mafieux en prennent plein la figure sous la houlette de femmes opprimées qui prennent leur revanche. 

Le début du film avec sa réalisation nerveuse et précipitée et son style vidéo colle au train du couple bourgeois formé par Paul (Vincent Lindon) et Hélène (Catherine Frot) qui courent en tous sens pour être à l'heure à une soirée mondaine. Arrive un "léger contretemps": une jeune femme en sang et terrorisée vient s'écraser contre le pare-brise de leur voiture et les supplie de la faire monter. Hélène voudrait bien l'aider, appeler les secours mais c'est Paul qui décide: il verrouille les portières et empêche sa femme d'appeler avant d'aller faire laver la voiture (pour ça il a le temps et c'est d'ailleurs symboliquement sur ce lavage que défile le générique). Ils ont eu le temps cependant de voir la jeune femme rattrapée par ses bourreaux qui l'ont roué de coups en la laissant pour morte. En quelques minutes et avec une efficacité redoutable plusieurs visages des violences faites aux femmes sont esquissés. Et la suite est à l'avenant avec la mère de Paul (jouée par Line Renaud) que son fils évite de même que Fabrice, le fils de Paul évite sa mère Hélène. Paul ne s'intéresse qu'à son travail et son réseau de relations tandis que Fabrice entend profiter au maximum de ses conquêtes interchangeables par le mensonge et la manipulation. Tous deux s'avèrent par ailleurs complètement perdus quand Hélène abandonne le foyer et les laisse se démerder seuls avec la cuisine et le repassage (petit tacle pour rappeler l'inégalité de partage des taches domestiques).

Coline Serreau entend remédier à cet ordre des choses par la solidarité féminine qui reste hélas une pure utopie dans notre société. De même que les copines de Fabrice finissent par se liguer contre lui, l'obligeant à des déménagements constants, dès le lendemain de l'accident, Hélène se rend à l'hôpital où est soignée Malika/Noémie, la jeune femme passée à tabac et fait tout ce qui est en son pouvoir pour l'aider à guérir et la protéger du réseau de proxénétisme qui s'acharne sur elle. Symboliquement les étapes de la rééducation de Malika/Noémie valent pour toutes les femmes opprimées qui peu à peu sortent de leur état comateux, réapprennent à marcher (l'autonomie) et à parler (pour dénoncer leur condition et réclamer justice). Le récit terrifiant de Malika/Noémie (Rachida Brakni qui a été révélée par le film) rapproche l'asservissement de la femme dans les milieux d'immigrés musulmans de son exploitation par les réseaux mafieux (dans les deux cas il s'agit de prostitution, travestie dans les milieux croyants en mariages arrangés et financièrement intéressés). Et celle-ci passe sans crier garde du statut de légume sur pattes à celui de guerrière en gants de boxe. Enfin aux extrémités de la chaîne, il y a Zora la petite sœur que Malika veut arracher à la fatalité qu'elle a dû elle-même endurer et la père de Paul qui retrouve une dignité et une utilité sociale en hébergeant Malika.

Bref c'est un film qui même s'il ne fait pas dans la dentelle provoque le rire en grossissant des comportements qui ont un fondement bien réel. Il ne propose pas non plus de solution réaliste mais offre un exutoire particulièrement revigorant à toutes les formes d'oppression vécues par les femmes en les incitant avec autant de force que de rage à ne plus les accepter.

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