Sometimes always never (Carl Hunter, 2018)
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Sometimes always never (Carl Hunter, 2018)
"Sometimes always never" est un film britannique étonnant (disponible en ce moment sur Canal) que j'ai découvert grâce à une critique élogieuse sur une page dédiée au cinéma. Et puis le personnage principal est joué par Bill NIGHY qui est un acteur que j'adore depuis que je l'ai vu dans "Love Actually" (2003) (le who's who des plus grands comédiens britanniques, à égalité avec la saga Harry Potter dans laquelle il a d'ailleurs fini par décrocher un petit rôle, disant non sans humour qu'il était le dernier à ne pas y avoir été embauché!) et plus récemment dans "The Bookshop" (2017) (je l'ai vu aussi dans "Good Morning England" (2008) mais à l'époque, je n'avais pas trop accroché et cela demande donc un second visionnage).
Disons-le tout de suite le gros point fort du film est son esthétique qui fait beaucoup penser à celle de Wes ANDERSON: même obsession de la symétrie, même goût pour les couleurs pop et les collections d'objets vintage, même maniaquerie du détail. S'y ajoute quelque chose que je n'avais encore jamais vu au cinéma, une composition du cadre à la manière d'un collage dans lequel les personnages (et parfois même leur voiture) semblent détourés et aplatis par rapport au décor, à la limite du cartoon. Il faut dire que le réalisateur, Carl HUNTER a travaillé dans le monde de la musique mais aussi du livre et a réalisé des pochettes de disque, des illustrations photographiques et des posters. C'est pourquoi (comme Wes ANDERSON encore!), le film a une forte identité littéraire: il est découpé en chapitres avec des pages-titre ("itinéraire", "embarrassant" et "espoir") alors que le jeu de Scrabble qui est le point de ralliement de tous les personnages permet de belles associations poétiques. Ainsi quand Jack, le petit-fils de la famille invite la fille qui lui plaît à jouer, on constate que les mots de leur partie se rapportent tous au champ lexical de l'amour alors que lorsque le grand-père, Alan, joue (alias Bill NIGHY) on navigue davantage dans le monde de l'exotisme (il évoque ses voyages mais comme le film épouse son point de vue et que celui-ci est complètement décalé par rapport au réel, on est "dépaysé").
Tout cela forme un ensemble tellement charmant, créatif et rafraîchissant que l'on oublie largement les faiblesses du scénario. Celui-ci tourne en effet autour d'une intrigue ténue (pour ne pas dire fantôme), prétexte à réunir une famille désunie autour de son patriarche, Alan. Lequel en sa qualité de tailleur élégant mais quelque peu maniaque (à l'image du film évidemment puisque comme je l'ai dit, celui-ci épouse son point de vue) explique la règle du boutonnage de la veste à trois boutons à son petit-fils Jack, règle qui donne son titre au film: celui du haut, parfois, celui du milieu toujours et celui du bas jamais.