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Mon voisin Totoro (Tonari no Totoro, Hayao Miyazaki, 1988)

Mon voisin Totoro (Tonari no Totoro, Hayao Miyazaki, 1988)

Published Jun 14, 2020 Updated Jun 14, 2020 Culture
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Mon voisin Totoro (Tonari no Totoro, Hayao Miyazaki, 1988)

Mon voisin Totoro, le quatrième film de Miyazaki est absolument magique. Dénué d'intrigue spectaculaire, le film se concentre sur la vie quotidienne de deux fillettes japonaises qui dans les années 50 s'installent avec leur père à la campagne pour se rapprocher du sanatorium où est hospitalisé leur mère atteinte de tuberculose. Tout est vu à travers le ressenti et l'imaginaire des enfants qui font corps avec la nature au point de "traverser le miroir" et d'y découvrir qu'elle regorge d'esprits bienveillants dont un puissant protecteur, le grand Totoro mélange de chat, de hibou et de tanuki (raton-laveur du folklore japonais) qui vit dans un camphrier géant.

Les sources d'inspiration de Miyazaki sont multiples. Il y a d'abord des éléments de son enfance et adolescence à la campagne avec une mère en sanatorium (comme celle du film). Il y a ensuite la littérature européenne. Mon voisin Totoro est en partie une transposition d'Alice aux pays des merveilles dans la campagne japonaise. Le petit Totoro blanc (le Chibi-Totoro) que suit Mei avant de tomber dans le creux de l'arbre fait penser évidemment au début du roman de Lewis Caroll. De même le Chat bus a un sourire identique à celui du Chester et peut disparaître comme lui. Mais contrairement à l'univers d'Alice, il n'y a pas de rupture entre l'univers de la réalité et celui de l'imaginaire animiste des enfants. Car les croyances shintoïstes jouent évidemment un rôle essentiel dans cet univers peuplé d'esprits de la forêt où l'homme est un élément du grand tout.

Miyazaki parvient à faire ressentir cette unité cosmique lors de scènes mémorables dont la plus belle, la plus poétique est l'attente du bus sous la pluie qu'il nous rend incroyablement tangible. D'autre part il démontre son sens aigu de l'observation des enfants. La plus jeune, Mei qui n'a que 4 ans est criante de vérité dans sa façon de répéter ce que dit sa grande soeur ou de chercher à attirer l'attention en dérangeant son père. Satsuki qui a 11 ans est entre le monde des enfants (elle finit elle aussi par percevoir les esprits) et celui des adultes (elle remplace sa mère). Quant au père, il n'a plus la possibilité de voir les esprits et loin de décrédibiliser ce qu'a vu Mei, il lui dit qu'elle a eu beaucoup de chance. Ce qui nous fait mesurer au passage ce que nous perdons en renonçant à notre âme d'enfant. 

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