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Mississippi burning (Alan Parker, 1988)

Mississippi burning (Alan Parker, 1988)

Published Sep 2, 2022 Updated Sep 2, 2022 Culture
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Mississippi burning (Alan Parker, 1988)

Le 12 août 2022, un militant extrémiste pro-Trump qui se vantait d'avoir participé à l'attaque du Capitole du 6 janvier 2021 était abattu après avoir tenté de pénétrer dans les locaux du FBI de l'Ohio et avoir échangé des coups de feu avec les forces de l'ordre. Il avait auparavant appelé à tuer des agents fédéraux sur les réseaux sociaux, le tout dans un contexte de regain de tensions suite à la perquisition menée par le FBI dans la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago. Le tout dans un contexte d'exacerbation des tensions entre suprémacistes blancs et défenseurs des minorités après notamment plusieurs meurtres racistes ayant conduit au mouvement "Black lives matter". Ce préambule permet de mesurer combien le film de Alan Parker, réalisé en 1988 mais se situant en 1964 en pleine période de lutte pour les droits civiques éclaire notre présent. Une critique récente de Télérama disait d'ailleurs que le film avait hélas rajeuni. Car nul doute que les enragés du Capitole sont les descendants directs de ceux qui lynchaient les noirs dans les années 60 avec la complicité des autorités locales et manifestaient une haine viscérale vis à vis des autorités fédérales issue de la défaite de la guerre de Sécession qu'ils n'ont bien évidemment jamais acceptée. La meilleure preuve réside dans leur ralliement autour du drapeau confédéré, le "Dixie flag", interdit mais ressurgi lors de l'assaut du Capitole, symbole du rêve de sécession des suprémacistes blancs WASP et d'exclusion des minorités (les colored people mais aussi les communistes, les juifs, les catholiques et les immigrés non anglo-saxons). Ce discours raciste, identitaire et séparatiste, on l'entend dans le film de la bouche du chef local du Ku Klux Klan, Clayton Townley (Stephen Tobolowsky) qui se fait passer pour un simple homme d'affaires alors que le Dixie flag flotte allègrement un peu partout, signalant d'emblée l'entrée en territoire hostile pour les deux agents du FBI venus enquêter sur la disparition de trois militants pour les droits civiques. Tiré de faits réels, le film déploie une narration efficace et marquante pour au moins deux raisons. La première réside dans le portrait terrifiant d'un territoire replié sur lui-même, terrorisé par ses milices néo-fascistes ultra-violentes qui imposent l'omerta et peuplé de dégénérés consanguins. La seconde est liée à la complémentarité du duo chargé de l'enquête. L'agent Alan Ward (Willem Dafoe) est un homme calme et procédurier alors que son adjoint Anderson (Gene Hackman) originaire du sud et fils d'un raciste utilise des méthodes beaucoup moins conventionnelles pour parvenir à ses fins. L'interprétation des deux comédiens est remarquable, particulièrement celle de Gene Hackman avec ses faux sourires et ses explosions de violence qui soulignent combien la barrière est ténue entre lui et ceux qu'il combat. A travers leur duo, on retrouve l'éternel débat du meilleur moyen de combattre le mal, celui qui opposait par exemple Tom Doniphon qui ne croyait qu'en la force à Randsom Stoddard qui ne croyait qu'en la loi contre Liberty Valance. La comparaison avec le film de John Ford qui avait également une portée civique s'impose naturellement ici.

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