Congratulations! Your support has been successfully sent to the author
La Fille de Ryan (Ryan's daughter, David Lean, 1970)

La Fille de Ryan (Ryan's daughter, David Lean, 1970)

Published Jun 17, 2021 Updated Jun 18, 2021 Culture
time 3 min
0
Love
0
Solidarity
0
Wow
thumb 0 comments
lecture 190 readings
0
reactions

On Panodyssey, you can read up to 30 publications per month without being logged in. Enjoy29 articles to discover this month.

To gain unlimited access, log in or create an account by clicking below. It's free! Log in

La Fille de Ryan (Ryan's daughter, David Lean, 1970)

Oui on peut faire un film fleuve et intimiste en reliant macrocosme, microcosme et individus inassimilables donc condamnés à la marginalité. Et oui, on peut construire une histoire romanesque, pleine de passion et de péripéties tout en conservant la complexité des personnages. Tout ça, David LEAN l'accomplit dans l'un de ses plus beaux films "La Fille de Ryan" dont le seul tort est de ne pas avoir répondu aux attentes de l'époque, celle du début des années 70 qui l'a jugé ringard et l'a lynché. Mais comme le dit si bien John CASSAVETES on ne fait pas un bon film pour faire plaisir ou coller à une mode. Les modes passent et les bons films restent. Et "La Fille de Ryan" est un sacré bon film.

Pour en apprécier toutes les qualités, je vais prendre trois exemples. Le premier est celui de Thomas Ryan (Leo McKERN), le tavernier du village irlandais dans lequel se déroule l'intrigue. Sur fond de première guerre mondiale et de guerre civile entre irlandais et anglais, Thomas Ryan va s'avérer être un agent double doublé d'un lâche qui préfèrera laisser sa fille se faire lyncher à sa place plutôt que de se dénoncer. Oui mais ce même Thomas Ryan, embarqué dans une scène épique de récupération d'une cargaison d'armes offertes par les allemands aux irlandais sur une plage dont les éléments se déchaînent avec violence prend plus de risques que tous les autres et manque mourir noyé à plusieurs reprises. Il est donc célébré comme un héros. Et la perte de sa fille le laisse en proie à la solitude, la culpabilité, les regrets peut-être? En tout cas le dernier plan, pathétique nous montre un homme qui noie son malaise dans l'alcool.

Ces ambivalences et cette osmose entre la nature et l'homme se retrouve aussi avec la communauté villageoise très fermée sur elle-même et arriérée qui peut se montrer solidaire et courageuse ou vulgaire, stigmatisante, menaçante voire déchaînée. David LEAN n'héroïse pas les combats de l'Irlande, le village est un "ploucland" qui rejette quiconque ne lui ressemble pas (à l'image de "l'idiot" joué par John MILLS qui est une victime tout en propageant le drame par ses maladresses). Et pourtant il y a des moments où ces gens proches de la bête immonde font preuve de grandeur.

Enfin il y a l'héroïne, Rosy Ryan (Sarah MILES), cousine éloignée d'Emma Bovary pleine de rêves d'amour et d'aventure et qui se retrouve mariée à un homme plus âgé, terne et sans libido (Robert MITCHUM à contre-emploi). Ses rêveries romantiques (immortalisées par des images très picturales à tendance impressionniste) sont magnifiés par ses promenades sur les falaises avant que la réalité ne la rattrape (l'ombrelle qui tombe sur la plage entre les mains de l'idiot Michael au visage repoussant). Puis c'est l'éveil des sens dans les bras de Randolph (Christopher JONES), le soldat anglais estropié et traumatisé au coeur de la forêt, la nature exacerbant l'extase sexuelle. D'autres films ont su connecter avec bonheur sexe et nature mais en 1970 c'était novateur. Le rouge domine alors ses tenues avant que les épreuves ne se déchaînent et que la beauté des grands paysages et des grands sentiments ne laisse place à la laideur et la petitesse de la tourbe. Mais toujours dans les ambivalences, c'est dans ces circonstances que Rosy découvre la grandeur d'âme de son mari qui reste à ses côtés et tente de la protéger ainsi que le calvaire du paria qu'est Michael. Tout en retenue, Robert MITCHUM offre une composition mémorable.

* Tous les personnages masculins du film sont invalides ou handicapés, incapables de résister au torrent des forces collectives et naturelles qui les emportent.

lecture 190 readings
thumb 0 comments
0
reactions

Comments (0)

Are you enjoying reading on Panodyssey?
Support their independent writers!

Prolong your journey in this universe Culture
égo'tripes
égo'tripes

  je m’en sors les impies

Elmeh, The Soul Alchemist
1 min
Sans ailes
Sans ailes

Illusions perdues dans le gris des hivers, Des amours cachées par les brumes du matin, Des espoirs rena...

Ileana Budai
1 min

donate You can support your favorite writers

promo

Télécharge l'application mobile Panodyssey