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Les Pépites (Xavier de Lausanne, 2016)

Les Pépites (Xavier de Lausanne, 2016)

Published Mar 22, 2020 Updated Mar 22, 2020 Culture
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Les Pépites (Xavier de Lausanne, 2016)

Ce documentaire est une véritable pépite, en effet. Non il ne s'agit pas d'un feelgood movie (expression que je déteste parce qu'elle impose un ressenti) ni d'un film larmoyant comme j'ai pu le lire ici et là. Et ce même si on voit des enfants exposer face caméra leurs blessures physiques et psychiques. Cette prise de parole fait partie du processus de résilience dont le film se fait le témoin.

Car sa grande force est de relier le passé au présent et l'individuel à l'histoire collective à l'aide d'archives photographiques et filmées. En cela je rejoins la critique des Inrocks pour qui le film dépasse l'enregistrement d'une histoire édifiante pour devenir un vrai film de cinéma. Les pépites ce sont aussi bien les bienfaiteurs que leurs protégés. Ils sont reliés par une même histoire de destruction et de reconstruction. Christian De Pallières a vu le château familial partir en fumée à la fin de la seconde guerre mondiale alors qu'il était enfant. Déraciné, il a pris la route avec sa famille jusqu'au moment de sa retraite en 1996 où il s'est fixé au Cambodge. A cette époque, le pays subissait encore les effets dévastateurs de la dictature Khmer Rouge qui entre 1975 et 1979 avait décimé le pays et pulvérisé ses structures sociales et familiales. Au point que le traumatisme a été transmis à la génération suivante sous forme de carences et de maltraitances de toutes sortes. La décharge de Phnom Penh où le couple de retraités découvre des milliers d'enfants tentant de survivre dans la crasse et la puanteur est le fruit de cette histoire monstrueuse.

L'intelligence des De Pallières est d'avoir évité l'écueil du paternalisme à relents néo-colonialistes et ce en dépit du fait qu'ils sont devenus les Papy et Mamy de tous ces enfants (ils en ont d'ailleurs adopté). Ils ont joué le rôle de tuteur de résilience en se mettant à l'écoute de leurs besoins: un repas, une douche, un uniforme, une instruction et un refuge pour les plus maltraités d'entre eux. Mais surtout ils ont donné beaucoup d'amour. On est frappé par le contraste entre les enfants en grande souffrance et les adultes autonomes et construits qu'ils sont devenus. D'autant plus que les De Pallières ont été jusqu'au bout de leur mission de passeur en développant la formation professionnelle au sein du centre qu'ils ont construit et qu'ils ont légué à certains de leurs anciens protégés pour qu'ils poursuivent leur travail auprès des plus déshérités.

Symboliquement, plusieurs scènes montrent les anciens enfants chiffonniers devenus gérants du centre et les De Pallières se promenant sur le site de la décharge désormais fermé. Un lieu en voie de cicatrisation avec par dessus sa pollution une pellicule de verdure rappelant que la nature reprend toujours ses droits, même quand elle a été profondément abîmée. Un dessin d'enfant clôture le film de la même façon. Il montre deux moitiés d'une jeune fille, celle d'avant et celle d'après.
 

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