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Bienvenue à Gattaca (Gattaca, Andrew Nicol, 1997)

Bienvenue à Gattaca (Gattaca, Andrew Nicol, 1997)

Published Feb 28, 2020 Updated Feb 28, 2020 Culture
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Bienvenue à Gattaca (Gattaca, Andrew Nicol, 1997)

Appelle-moi plutôt Eugene, mon second prénom" dit Jérôme Morrow (Jude Law) l'homme génétiquement bien-né de la science à Vincent Freeman (Ethan Hawke) "l'invalide", le "dégénéré" fruit de Dame nature né avec entre autre une myopie et des problèmes cardiaques ne devant pas lui permettre de dépasser l'âge de 30 ans. Eugene ("bien-né" en grec) c'est l'eugénisme, la sélection génétique permettant de créer des êtres humains parfaits à qui les postes les plus élevés de la société sont réservés, les tâches subalternes étant dévolues aux imparfaits, tarés-ratés et autres "dégénérés". Une hiérarchie socio-raciale qui rappelle "Le Meilleur des Mondes" d'Aldous Huxley et s'inspire aussi de l'idéologie nazie laquelle aspirait à la pureté raciale par l'eugénisme. L'univers rétro-futuriste du film qui rappelle Brazil par son architecture démesurée et dépouillée et ses costumes et voitures des années 50 fait le lien entre les expériences du XX° siècle et l'anticipation d'un futur proche dystopique contre lequel Andrew Niccol (auteur également du scénario du remarquable Truman Show) appelle à résister.

Le facteur humain fait dérailler n'importe quelle machine bien huilée. L'homme est en effet pour reprendre l'expression de Sartre "condamné à être libre". Et c'est justement ce qu'est Vincent "Freeman". Un homme libre. Libre de se déterminer puisqu'il n'a pas été modifié par un programme génétique et formaté pour être le meilleur. Une croyance (une idéologie devrais-je dire) qui se heurte à la réalité. A savoir que l'homme ne peut être réduit à ses gènes et que la réussite tout comme l'échec a des causes immatérielles et incontrôlables. C'est la terrible désillusion vécue par Jérôme Eugene Morrow, homme génétiquement parfait programmé pour être un champion mais qui n'a jamais pu être que deuxième. Une désillusion qui lui a brisé les jambes. Ce qui lui a manqué, c'est la détermination de Vincent qui rêve d'aller dans les étoiles en devenant spationaute au sein du centre de recherches de Gattaca réservé aux jeunes gens dotés d'un patrimoine génétique supérieur. Une détermination qui le fait nager plus loin que les autres en dépit de ses problèmes cardiaques et traverser une route dangereuse alors qu'il n'y voit rien. C'est pourquoi Morrow ("lendemain") prête son corps à Vincent (c'est à dire ses fluides et ses cheveux pour déjouer les tests génétiques du centre) alors que Vincent lui prête son rêve c'est à dire redonne un sens à sa vie. A eux deux, ils recréent au delà de l'illusion d'un ADN irréprochable (le symbole de l'escalier) un être capable de soulever des montagnes pour s'élever au dessus de sa condition (le symbole de la fusée).

Histoire de rappeler que jamais la valeur d'un homme ne pourra être mesurée à la qualité de sa pisse.

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