Amanda (Mikhaël Hers, 2018)
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Amanda (Mikhaël Hers, 2018)
"Amanda" faisait partie des films que je souhaitais voir depuis sa sortie. Et je n'ai pas été déçue. Contrairement au cinéma américain, il n'est pas si fréquent qu'un film français s'appuie sur l'actualité traumatique récente du pays. Le 13 novembre 2015, Paris et sa banlieue était touchés de plein fouet par une vague d'attentats terroristes ayant entraîné le plus lourd bilan humain depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les 90 victimes du Bataclan devinrent les symboles de cette nouvelle barbarie. Même si le film n'évoque pas explicitement cet épisode (l'attentat est transposé dans un parc), il constitue le cadre de l'intrigue qui combine cette histoire collective avec celui de destins individuels frappés de plein fouet par la tragédie: David, 24 ans, jeune homme un peu immature qui vit au jour le jour (Vincent Lacoste), sa sœur Sandrine (Ophélia Kolb) qui élève seule Amanda (Isaure Multrier) âgée de 7 ans, la tante de David, Maud (Marianne Basler), Léna, la petite amie de David (Stacy Martin) et enfin Axel, un ami de David (Jonathan Cohen). Tout en montrant en arrière-plan les conséquences très concrètes de l'attentat sur la vie quotidienne des parisiens, le film s'attache à décrire l'évolution de David, que les circonstances obligent à sortir brutalement de son enfance prolongée pour s'occuper d'Amanda devenue orpheline. Le traumatisme collectif de l'attentat est particulièrement bien articulé avec les fragilités spécifiques à cette famille (l'absence de la mère, la mort prématurée du père). Les thèmes du deuil et de la reconstruction sont finement traités (par l'utilisation des images fixes, des silences, d'une atmosphère de temps suspendu avant "l'explosion finale" nourrie par une citation qui aurait pu donner son titre au film "Elvis has left the building") et l'interprétation est à la hauteur. Vincent Lacoste est parfait en fragile homme-enfant qui devient presque du jour au lendemain chef de famille en s'appuyant sur la petite Amanda qui paraît parfois plus mature que lui.