Un amour pas comme les autres (A Kind of Loving, John Schlesinger, 1962)
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Un amour pas comme les autres (A Kind of Loving, John Schlesinger, 1962)
Premier film de John Schlesinger et premier volet de sa trilogie anglaise, le bien mal nommé en VF "Un amour pas comme les autres" explore au contraire les affres d'une relation amoureuse ordinaire entre deux jeunes gens au début des années soixante dans une ville industrielle du nord de l'Angleterre. Avec beaucoup de finesse, le réalisateur souligne les ambiguïtés de la relation des deux jeunes gens ainsi que l'aliénation du milieu dans lequel ils vivent, fait de puritanisme et de discriminations sociales. Ainsi Vic (Alan Bates, très charismatique) drague maladroitement Ingrid (June Ritchie) qui tombe rapidement sous le charme du jeune homme. Tous deux travaillent dans la même entreprise, lui comme dessinateur industriel, elle comme dactylo. Tous deux vivent encore chez leurs parents. Tous deux bien que novices éprouvent avant tout une attraction physique l'un pour l'autre qui a bien du mal à s'épanouir dans une société aussi corsetée. En témoigne une scène très érotique dans une sorte d'abribus dans laquelle ils s'embrassent et se caressent, leur souffle de plus en plus haletant trahissant leur désir mais leur élan est interrompu par un passant, rappelant qu'il s'agit d'un lieu public. Même quand Ingrid l'invite chez elle en l'absence de sa mère, elle a peur d'être surprise par les voisins. En dehors de ces moments torrides mais entravés, ils ont bien du mal à communiquer, Vic étant même pris dans une ambivalence d'attraction-répulsion à son égard. Ce manque global d'intimité, ces pressions sociales pèsent sur leur relation durant tout le film. C'est parce qu'il est incapable d'affronter le regard de la pharmacienne que Vic n'achète pas de préservatifs et met Ingrid enceinte, l'obligeant à se marier selon les conventions de l'époque alors que ni lui ni elle ne sont assez matures pour une vie conjugale et encore moins parentale. De plus ils doivent aller vivre chez la mère d'Ingrid parce qu'ils n'ont pas assez d'argent pour s'offrir un logement à eux (le contexte était alors à la pénurie). La présence de la mère prolonge symboliquement celle des autres parents, collègues ou amis. Elle fait obstacle à toute possibilité d'intimité et elle rejette Victor parce qu'il est d'origine ouvrière et qu'elle les méprise.
Mais en bon représentant de la nouvelle vague anglaise, John Schlesinger montre que la situation n'est pas figée et qu'en accédant à l'autonomie, le couple a la possibilité de prendre un nouveau départ car en dépit de toutes les épreuves qu'ils ont traversé, le désir est toujours là. La fin du film est même audacieuse, elle m'a fait penser à celle de "Eyes wide shut" de Stanley Kubrick lorsqu'à la fin de leurs odyssées respectives les deux membres du couple se retrouvent et que Nicole Kidman dit à son mari "There is something very important that we need to do as soon as possible [...] Fuck!" Au début des années 60 encore très guindées, il fallait oser ne serait-ce que de le suggérer, le film étant dans son ensemble assez subversif en osant à ce point mettre en avant le désir et le sexe comme moteur du couple.
Gand Laetitia 3 years ago
Je n'ai jamais vu Macadam Cowboy mais j'espère le voir un jour...
Gand Laetitia 3 years ago
Grand film Marathon Man. Merci en tout cas de mettre en lumière autre chose de ce réalisateur.
Florence Oussadi 3 years ago
Oui et Macadam Cowboy est l'un de mes films préférés (Marathon Man est excellent mais tellement éprouvant).
Gand Laetitia 3 years ago
On ne voit bien souvent que le cinéma trop commercial je dirais et le reste on passe à côté, c'est dommage
Gand Laetitia 3 years ago
Un film que je ne connais pas du tout, je découvre donc. Merci !!
Florence Oussadi 3 years ago
Schlesinger est sous-estimé en France car méconnu même si ça va mieux avec l'édition de ses premiers films en DVD. Il y en a encore qui écrivent qu'il n'a fait que 2 films importants "Macadam cowboy" et "Marathon man", ses films us avec Dustin Hoffman.