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Chapitre 56

Chapitre 56

Published May 30, 2025 Updated May 30, 2025 New Romance
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Chapitre 56

Je me réveille avant lui. Ce n’est pas rare. Mais ce matin, la lumière s’infiltre dans la chambre avec une douceur étrange, presque solennelle. Elle glisse sur les murs pâles, caresse les draps froissés, vient effleurer le visage de Samuel, encore endormi, comme si elle hésitait à troubler ce calme. Je reste immobile. L’instant est suspendu, fragile et parfait, comme une bulle qu’il ne faut surtout pas percer.


Samuel dort sur le côté, tourné vers moi. Sa main repose contre ma hanche, détendue. Il respire profondément, avec une régularité apaisante. Son visage est parfaitement calme, presque juvénile, lavé de cette tension qui lui colle à la peau au quotidien. Je le contemple en silence, mon regard absorbant chaque détail : la courbe de sa mâchoire, la légère crispation de ses doigts dans le sommeil, l’ombre de ses cils sur sa joue. Je pourrais rester là des heures. Il est chez lui. Chez moi. Chez nous. Et cette pensée seule suffit à me nouer la gorge.


Je n’ai plus peur. De ce qu’il est. De ce que je suis. De ce que nous formons.


Il bouge légèrement, pousse un soupir qui fait vibrer sa cage thoracique contre moi. Puis ses paupières battent, s’ouvrent lentement. Il cligne des yeux, met quelques secondes à revenir à lui. Son regard accroche le mien, et je vois dans cette première seconde de conscience quelque chose d’incroyablement nu : aucune armure, aucune distance. Juste lui.


— Tu m’espionnes pendant mon sommeil, murmure-t-il d’une voix rauque, un sourire endormi aux lèvres.


— Je prends des notes. Pour mon futur livre.


— Sur les habitudes de sommeil d’un chef tyrannique ?


— Exactement. Ça va me rapporter une fortune.


Il rit doucement. Ce rire rauque, bas, qui semble naître tout au fond de sa gorge, et que je suis la seule à connaître. Il tend la main, caresse ma joue du bout des doigts.


— Reste. Aujourd’hui. Demain. Tant que tu veux.


Je ne réponds pas. Je n’ai pas besoin de répondre. Je glisse simplement ma main dans la sienne, enlace ses doigts. Il se redresse un peu, cale l’oreiller sous sa tête, m’attire contre lui. Ma joue repose contre son torse. Sa peau est chaude. Son odeur familière.


— J’ai rêvé cette nuit, dit-il dans un souffle. Il y avait une maison. Toi, dans la cuisine. Et tu râlais. Parce que j’avais encore oublié de ranger les tasses.


Je ris doucement.


— Ça ressemble à notre quotidien, pas à un rêve.


— Non, c’était un rêve. Parce que tu râlais… mais tu restais.


Je ferme les yeux. Il ne dit pas je t’aime. Pas encore. Il ne le dit pas avec des mots. Mais chaque geste, chaque souffle, chaque infime attention est une déclaration.


— Je crois que c’est là que je veux vivre. Dans cette maison-là. Dans ce rêve-là. Avec toi.


Je me redresse légèrement. Mes doigts glissent contre sa tempe. Je l’embrasse. Lentement. Profondément. Je ne dis pas oui. Je ne dis pas non. Je dis nous.


Nous restons longtemps au lit. Le silence autour de nous est dense, moelleux, presque sacré. Il n’y a rien à dire. Pas encore. Nos corps se parlent autrement. Samuel passe un bras autour de ma taille, me ramène contre lui. Je sens son souffle chaud contre ma clavicule. Ses mains remontent lentement le long de ma colonne, effleurent mes côtes, mes épaules, ma nuque. Il explore sans urgence. Il touche comme on touche une évidence.


Je frissonne. Mon corps s’ouvre à lui, tout entier, sans résistance. Il ne brusque rien. Il me regarde. Longuement. Ses yeux sont dilatés, d’un vert profond, tendus entre le désir et la tendresse. Il m’embrasse dans le creux du cou. Je sens sa bouche descendre, s’égarer contre ma peau, et cette lenteur me fait plus de bien que mille gestes passionnés.


Quand il glisse en moi, ce n’est pas une conquête. C’est une offrande. Une union sans fard. Nos corps se cherchent, se trouvent, s’accordent. Il me regarde sans cligner, sa main posée sur mon flanc. Et moi, je le tiens contre moi, les jambes refermées autour de sa taille. C’est une danse silencieuse. Un langage ancien. Nos respirations se croisent, s’accélèrent, se mêlent. Nos corps s’abandonnent.


Et quand la vague nous prend, ce n’est pas une explosion. C’est une marée montante, lente, puissante, irréversible. Je le sens se perdre. Et moi, je me retrouve.


Il est presque neuf heures quand nous nous levons enfin. Je prépare le café pendant qu’il enfile un pantalon de jogging et un t-shirt noir. Nous échangeons peu de mots. Nos gestes parlent pour nous. Il me verse un verre d’eau. Je le remercie d’un regard. Nous partageons une tartine de pain grillé sans vraiment savoir qui a mordu le premier.


Il prend sa douche. Je reste dans la cuisine. Il revient, une serviette sur les épaules, les cheveux encore humides. Il s’approche dans mon dos, m’embrasse dans le cou. Ce n’est pas sexuel. C’est doux. Présent. Plein de gratitude.


Il attrape sa tasse, me regarde par-dessus le bord.


— Tu veux qu’on passe chez toi pour prendre des affaires ?


Je feins de réfléchir.


— Hm. Peut-être. Deux ou trois trucs essentiels…


Il arque un sourcil, amusé.


— Genre ?


— Mon fouet. Mon rouleau. Et… toute ma garde-robe. Au cas où.


Il rit, cette fois franchement. Je souris aussi. Ce n’est pas une plaisanterie. C’est une façon tendre de lui dire que je reste.


Quand on arrive chez moi, ce n’est pas en voiture. Samuel a loué un petit camion blanc, un peu trop large pour les ruelles de mon quartier, et il râle tout bas en se garant en marche arrière, concentré comme s’il s’apprêtait à faire un service étoilé dans un food truck bancal. Je ris en le voyant manœuvrer, sa langue pincée entre les dents, les sourcils froncés.


— Tu veux que je prenne le volant ? proposé-je, malicieuse.


— Je préférerais encore te laisser conduire ma brigade, réplique-t-il du tac au tac, sans même me jeter un regard.


Je hausse les épaules, faussement vexée, pendant qu’il coupe le moteur. Nous descendons, et pendant un moment, le monde se résume à quelques cartons, des sacs bourrés à la hâte, et ce mélange d’excitation et d’étrange légèreté. Il ne commente pas ce que j’emporte. Il soulève, range, attache. Parfois, il s’arrête pour m’observer, et son regard me traverse sans un mot. On n’a pas besoin de plus.


Chez lui — chez nous — on déballe tout ensemble. Il ouvre l’armoire, déjà aménagée avec des cintres vides d’un côté. Une étagère dans la salle de bain est libre, dégagée jusqu’au moindre coin.


Mais il n’y a pas que ça.


Il a posé un petit pot de mes cotons démaquillants réutilisables près du lavabo. Mon infusion préférée trône déjà dans la cuisine. Et sur l’étagère du bas dans le salon, entre ses livres de pâtisserie et ses carnets de croquis, il y a la place exacte pour mes deux romans favoris. Il ne dit rien, mais je comprends. Il savait. Ou plutôt : il espérait.


— Tu sais que mes vêtements vont dévorer tout l’espace ? dis-je en déposant ma dernière pile de t-shirts dans le tiroir.


— C’est un sacrifice que je suis prêt à faire, soupire-t-il avec solennité. À condition que tu ranges tes chaussettes par couleur.


— Tu rêves, Williams.


— On verra. La cohabitation révèle toujours les monstres cachés.


— J’espère que tu es prêt à découvrir les miens.


Il sourit. Ce sourire-là. Celui qui n’appartient qu’à moi.


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