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Chapitre 54

Chapitre 54

Published May 30, 2025 Updated May 30, 2025 New Romance
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Chapitre 54

Le matin se lève sur nous avec une discrétion exquise. Rien de brutal, pas de sonnerie, pas de réveil. Juste cette lumière pâle qui s’infiltre lentement entre les rideaux tirés, caressant les murs, les draps, les corps emmêlés dans une chaleur encore suspendue à la nuit. Je ne dors pas profondément, mais je me repose. Entièrement. C’est différent. Comme si mon corps, pour la première fois depuis des jours, s’autorisait à déposer ses armes.


Samuel est toujours là, tout contre moi. Il dort encore, mais d’un sommeil léger. Sa respiration a cette régularité concentrée de celui qui s’apprête à émerger. Je me tourne vers lui avec lenteur, mes doigts viennent effleurer sa clavicule, puis la ligne douce de sa mâchoire. Il bouge à peine, ses sourcils s’étirent sous mes caresses.


Puis, sans ouvrir les yeux, il souffle :


— Tu me réveilles, ou tu me vérifies ?


Sa voix est rauque, encore pleine de nuit. Un murmure. Un sourire dans le noir.


— Les deux, dis-je en souriant.


Il ouvre les paupières, lentement. Son regard, encore flou, s’accroche au mien.


— Je croyais que tu ne te lasserais jamais de me regarder dormir.


— Je ne m’en lasse pas. Je m’assure juste que tu ne disparais pas.


Un silence tendre glisse entre nous. Puis il ramène ma main contre sa bouche, dépose un baiser dans la paume, sans un mot. Il n’a pas besoin d’en dire plus. Mais il le fait, quand même. À sa manière.


— Tu sais, dit-il, les gens que j’ai laissés s’approcher… ils ont toujours fini par se heurter à ce que je cache. Toi, tu es restée. Même en sachant. Même en voyant ce que je suis quand ça brûle.


Je le laisse parler. Je sens que quelque chose s’ouvre. Lentement. Fragilement.


— Je ne suis pas doué pour dire les choses. Pas encore. Mais… si je n’ai plus peur de te laisser me voir… c’est parce que je ne veux plus imaginer ce monde sans toi.


Je sens mon cœur se tendre, se gonfler. Ce n’est pas une déclaration. C’est mieux. C’est Samuel. C’est sa manière à lui de dire : je tiens à toi plus que je ne l’ai jamais fait pour quiconque.


Je m’approche. Je glisse mes bras autour de lui, enfouis mon visage contre sa peau chaude, et il pose sa joue contre le haut de ma tête. Une pression lente, ancrée. Pas une étreinte de cinéma. Une manière de dire qu’il est là. Là, vraiment. Son souffle glisse lentement sur mes cheveux. Il ne bouge plus. Le visage tourné vers ma tempe. Il m’enveloppe, et dans cet instant, je comprends : il n’est plus en train de se débattre avec ce qu’il ressent. Il y cède. Il me laisse entrer.


— Je ne veux plus avoir à t’imaginer loin non plus, murmuré-je.


Il sourit. Un vrai. Un sourire rare et silencieux, qui creuse une fossette à peine visible sur sa joue. Nous restons là, quelques instants encore, à ne rien dire. Parce que les mots ont été dits. Et que le silence, cette fois, les protège.


Ce n’est qu’en fin de service que tout se cristallise. Dans l’arrière-buanderie du laboratoire.


La journée a filé sans heurt. Comme si la veille n’existait plus. Comme si nous avions glissé à nouveau dans le rythme familier du laboratoire, avec une aisance inattendue. Personne ne nous a rien demandé. Ni regards pesants, ni allusions. Steve garde ses distances. Samuel, lui, est calme. Présent. Plus lui-même qu’il ne l’a été depuis longtemps.


Je me rends dans cette pièce étroite pour ranger un plateau de réserves. Une habitude. Un automatisme. Je ne m’attends à rien. Je crois être seule.


Mais quand je referme la porte métallique derrière moi, il est là.


Dos à moi. Silencieux. Immobile, en train de consulter une fiche posée sur l’étagère.


Il tourne la tête. Lentement. Nos regards se croisent. Et quelque chose d’invisible bascule.


Il ne m’appelle pas. Il ne sourit pas. Il s’approche. Lentement. Pas comme on approche quelqu’un qu’on veut conquérir. Comme on revient vers quelqu’un qu’on a choisi. De nouveau. Définitivement.


Il s’arrête à quelques centimètres de moi. Si près que je peux sentir la chaleur de son corps.


— Ça fait longtemps, murmure-t-il. Depuis la dernière fois.


Je ne réponds pas. Je sais de quoi il parle. Il baisse les yeux, puis les relève vers moi. Plus doux. Plus brûlants.


— Je pensais que je ne pourrais plus. Que j’avais trop abîmé. Trop perdu. Que si je te touchais à nouveau, ce serait… risqué.


Il marque une pause.


— Mais je me rends compte que ce serait plus risqué encore de ne pas le faire.


Alors, très lentement, il lève une main. Il pose ses doigts contre ma joue. Sa paume est tiède. Ancrée. Sa main ne tremble pas. Il ne demande pas pardon. Il revient.


Je ne parle pas. Mais j’avance d’un demi-pas. Juste assez.


Et il m’embrasse.


Un baiser sans urgence, mais rempli de tout ce qu’on n’a pas encore dit. De tout ce qu’on a retenu. De tout ce qu’on est. Il m’embrasse comme on scelle un pacte silencieux. Comme on se retrouve au bord d’un monde que seul nous deux pouvons comprendre.


Sa main glisse derrière ma nuque, l’autre contre mes côtes. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression qu’il peut l’entendre. Mais lui reste calme. Dense. Entier.


Quand il se détache, il ne recule pas. Il pose son front contre le mien. Nos souffles mêlés.


— C’était le premier depuis, murmuré-je.


Il ferme les yeux une seconde.


— Et le dernier… d’un autre temps.


Je le regarde. Et je ressens cette tension familière dans mon ventre, cette peur soudaine qu’il recule, qu’il change d’avis, qu’il disparaisse derrière un de ses silences. Une peur aussi absurde que réelle. Mais il ne fuit pas. Il reste là. Présent. Solide.


Il recule d’un pas. Me regarde. Droit. Transparent.


— J’ai vidé une armoire, dit-il simplement. Chez moi.


Je le fixe, déstabilisée.


— Une armoire ?


— Et une étagère dans la salle de bain, ajoute-t-il. Je me suis dit… que si tu voulais… un jour, peut-être… tu pourrais y mettre quelques affaires.


Le monde s’arrête. Une fraction de seconde.


Pas parce que je ne l’attends pas. Mais parce que je ne m’attendais pas à l’entendre de cette façon. Avec cette pudeur. Cette dignité. Cette vérité nue.


— Tu veux dire… vivre avec toi ?


Il baisse les yeux. Puis les relève.


— Je veux dire que ma maison n’a plus rien d’à moi s’il n’y a pas un peu de toi dedans.


Je ne dis rien. Je glisse simplement ma main dans la sienne.


Et je serre.


Il n’y a rien à ajouter.

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