Les meilleures intentions (2020) Ana Garcia Blaya
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Les meilleures intentions (2020) Ana Garcia Blaya
Should I stay or should I go
Le scénario des Meilleures intentions est parti des souvenirs de sa réalisatrice, Ana Garcia Blaya. Elle est née à la fin des années 1970 et a fait des études de communications à Buenos Aires. Trente ans plus tard, elle assiste à un atelier d’écriture dirigé par Pablo Solarz. Le réalisateur argentin, qui a été nommé aux Goya, a en outre été scénariste pour de nombreux autres metteurs en scène. Après y avoir écrit un scénario basé sur ses années d’enfance, elle le laisse de côté durant quelques années. C’est la mort de son père, et la motivation de sa sœur, qui vont la pousser à présenter son projet au concours du premier long métrage de l’Institut National du Cinéma et des Arts Audiovisuels (INCAA). Elle y reçoit une avance qui lui permet d’envisager de réaliser son premier film, n’ayant aucune expérience de mise en scène. C’est avec un budget modéré et des conditions de travail compliquées, le film mettant majoritairement en scène des mineurs, que le long-métrage se tourne.
Après être allés voir un match, Gustavo amène ses deux filles, Amanda et Lala, ainsi que son fils Manu à leur mère, Céci, qui pensait qu’ils étaient au restaurant. Visiblement Lala a de la fièvre et Gustavo ne s’en est pas rendu compte. Un autre jour, avec son ami Nestor, il va avec ses enfants passer le week-end chez Samuel, qui a une maison avec piscine. Tandis que son père n’a pas l’air de prendre les choses en main, Amanda s’occupe de sa petite sœur et de son petit frère. En rentrant avec Nestor, ils se rendent compte que la police arrête les voitures et cachent dans la veste de Manu le joint qu’ils avaient avec eux. Heureusement les policiers ne leur demandent que leurs papiers et les laissent passer. Arrivé à Buenos Aires,Gustavo reçoit un appel de Céci qui lui donne rendez-vous car elle a quelque chose d’important à lui dire. Son compagnon Guille a eu une proposition de travail au Paraguay, et elle va partir vivre avec lui et les enfants à Asunción. Gustavo n’est pas d’accord mais Céci lui rétorque que c’est pour leur bien : elle et Guille ont de meilleures conditions de vie.
Comme un grand nombre de premiers films, Les meilleurs intentions est donc inspiré de faits réels. Lors d’un atelier d’écriture, Ana Garcia Blaya s’est remémoré de nombreux souvenirs, dont certains l’ont ébranlé. Elle a donc choisi de raconter son histoire familiale, sous le prisme de la fiction, en prenant soin, autant que faire se peut, de raconter son récit avec le regard de la petite fille qu’elle était quand elle avait dix ans. Les ruptures sont à cet âge difficiles à vivre, et l’on parvient à comprendre le dilemme qui taraude Amanda au fur et à mesure que l’histoire se déroule. Il faut dire qu’elle n’est pas vraiment, dès le début du film, une enfant comme les autres. On la voit, tout du moins quand elle habite chez son père, s’occuper de son petit frère et de sa petite sœur, et prendre en charge l’intendance de la maison. Obligée d’être mûre plus tôt que ses camarades, elle se voit qui plus est imposer un des choix les plus difficiles qui soit pour un enfant, celui de rester avec sa mère ou avec son père.
Et l’alternative maternelle ou paternelle est, assez schématiquement, résumée par les caractères de l’une de l’un. On nous assène à chaque fois qu’on la voit à l’écran que la première est une femme censée, raisonnable, qui a refait sa vie avec un homme posé : tout ceci ne fait pas forcément rêver une préadolescente. À l’opposé, son père est un marginal, vendeur de disque baba cool qui fait écouter du rock à plein tube à ses enfants. Il les emmène avec lui dans des week-ends où l’alcool coule à flot et où l’on fume des joints, il n’a pas d’horaire, enchaîne les conquêtes féminines et n’a pas beaucoup de règles. Vu de l’extérieur, ce personnage des Meilleures intentions est assez peu aimable, il semble privilégier son propre plaisir et n’a pas trop l’air de vouloir faire de la place pour ses enfants. Bien qu’on sente émerger de la tendresse et des sentiments filiaux, on a tout de même du mal à croire à une telle idée de cinéma : peut-être est-ce fidèle au vécu de la réalisatrice, mais à l’écran ça manque d’incarnation.
Ce qui nous fait penser que c’est une image conforme à ce qu’a pu vivre Ana Garcia Blaya, c’est les nombreux passages en super 8 qui émaillent Les meilleures intentions. Régulièrement, le récit alterne entre les images de fiction et ces extraits de vidéo amateurs, qu’on suppose originales puisque ce ne sont alors plus les acteurs du film qui interviennent. La réalisatrice a-t-elle dans doute jugé utile de parsemer son histoire de son propre vécu, pour nous signifier combien ce qu’elle raconte est authentique. L’effet produit est déroutant, et si l’on est au début amusé de faire le parallèle entre la fiction et la réalité, on est très vite lassé, et on finit par se demander à quoi bon systématiser le procédé. Ce qui est aussi probablement une façon de situer son récit dans les années 1990 et d’apporter une touche vintage se révèle futile et éloigne le spectateur des personnages et des histoires. Ou plutôt devrait-on dire de l’histoire, puisqu’elle a le mérite d’être simple et sans détour, mais cela ne suffit pas à maintenir notre intérêt.