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Déjà mort (1997) Olivier Dahan

Déjà mort (1997) Olivier Dahan

Pubblicato 2 giu 2021 Aggiornato 2 giu 2021 Cultura
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Déjà mort (1997) Olivier Dahan

Les illusions perdues de la jeune débutante

Une blague récurrente de Déjà mort est assez amusante, bien qu'à la limite de l'homophobie. Les personnages du film n’arrêtent pas de dire à Andréa qu’il ferait fureur en posant dans un magazine de charme pour homos ; il se fait même draguer à un moment par un vieux pervers homme d’âge mûr. Quand on sait que Clément Sibony, qui avait tout juste 18 ans à l’époque, a par la suite vaguement été une icône gay (avec sa plastique avantageuse, dévoilée dans quelques rôles où il se montre plus ou moins dénudé, au théâtre ou au cinéma - et même dans un clip de Kylie Minogue) c’est presque marrant. Le film fait d’ailleurs office de révélateur de jeunes talents puisque c’est le premier long-métrage pour le cinéma d’Olivier Dahan et de Zoé Félix, et que Romain Duris et Benoît Magimel sont ici à l’aube de leur carrière. Autre originalité, le film se passe dans le milieu du porno, ce qui attise forcément les curiosités.

Sur un circuit de quad où il s‘entraîne,. Andréa rencontre Romain, qui le fascine très vite. Ce photographe de charme réalise de temps en temps des films pornographiques, et Andréa profite de l’occasion pour lui parler d'une fille qu'il connaît, et qui pourrait l'intéresser. En réalité, Laure l’attire depuis longtemps, l'ayant repéré sur une publicité pour un réseau de minitel rose. Quand il l'aborde pour lui proposer de poser pour Romain, elle se montre séduite par la proposition. La rencontre se fera chez David, un riche jeune homme qui profite de la fortune de ses parents et navigue dans les milieux plus ou moins louches de la pornographie. Lors d'un premier échange, devant une télévision qui passe un snuff movie, ils lui proposent de l'emmener dans la chambre et faire des photos qu'ils enverront à un producteur pour voir s'il est intéressé.

On est avec Déjà mort devant un premier film, et ça se voit. Même si on voit les ambitions du réalisateur, la mise en scène d’Olivier Dahan n’est pas encore maîtrisée, elle est saccadée et ne se pose quasiment jamais. Cette frénésie impose un style très particulier, qui n’est pas déplaisant au premier regard mais finit par lasser sur la longueur. Certains choix de narration sont également un tantinet irritants, comme cette plongée, dès le début du film et qui se poursuivrera tout du long, dans l’intériorité du personnage principal féminin, à travers quelques monologues un peu pompeux qui sont censés mieux cerner son personnage. On voit bien l'intention, car hormis ces parenthèses cette Laure peut apparaitre comme falote et dépourvue de sentiments. Elle se laisse balancer par son destin, qu’elle veut surpasser mais qu’elle n’arrive pas à contrôler.

Ces quelques défauts ne font pas totalement de Déjà mort un mauvais film. Il possède déjà une noirceur peu banale qui transcende tout le reste. Nous sommes ici en présence d’une tragédie où les personnages sont dès le début voués à une fin peu glorieuse. On le sait, et on suit donc ces êtres dans leur quête d’absolu qui s’enfoncent peu à peu dans cet univers glauque et sans issue. Le milieu de la pornographie, pas très souvent dépeint au cinéma, nous est décrit de la pire manière qui soit, à l’image du personnage de Mallo. Celui-ci se révèle ainsi machiste, matérialiste et sans états d’âme, il n'y pas grand chose à sauver de cette caricature de la masculinité toxique. On sent que le tite du film reflète bien la situation mentale de ce personnage, qui, corrompu et aigri, n'a déjà plus grand chose de vivant, malgré sa relative jeunesse.

Les acteurs de Déjà mort sont assez impressionnants de fraîcheur, il débordent tous d’une soif de vie qui transparaît tout le long du film. L'interprétation de Benoit Magimel, bien qu'outrancière, mérite à ce titre d'être signalée. Notons au passage les étranges similitudes qui semblent exister entre l'acteur et son personnage, au vu de la réputation qu'il a pu récolter tout au long de sa carrière. À ses côtés, Zoé Félix, qui, il faut bien le reconnaître, n'a pas eu par la suite une carrière éblouissante, apporte une touche de charme et de fraîcheur dans cet univers un peu glauque. Quant à Romain Duris et Clément Sibony, ils jouent de leur physique avantageux en complétant ce casting de talents alors émergents. Ce petit film noir à la française  demeure donc une curiosité à découvrir à l’occasion, même si l'on peut regretter une fin capillotractée.

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