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Le bon, la brute et le truand (1966) Sergio Leone

Le bon, la brute et le truand (1966) Sergio Leone

Pubblicato 6 dic 2021 Aggiornato 6 dic 2021 Cultura
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Le bon, la brute et le truand (1966) Sergio Leone

Il était une fois le western

Dernier volet de la trilogie des dollars de Sergio Leone, Le bon, la brute et le truand est sans doute l’un des westerns les plus connus du grand public. Symbole d’une époque où le film d’auteur pouvait être populaire, le film n'a pourtant pas toujours été considéré comme un film d’auteur. En état de grâce, Leone signera d’ailleurs deux ans plus tard Il était une fois dans l’ouest, jurant que ce sera son dernier western. Le style Leone s’est imposé à partir de cette époque sur tout le genre du western spaghetti à l’italienne : dialogues rares mais percutants, musique sublimée, longs plans séquence, duel final paroxystique… le bonheur pour certains. Ajoutez à cela des héros avec une gueule et un sale caractère et vous pouvez commencer à vous régaler. On doit l'idée originale à  Luciano Vincenzoni, qui avait déjà écrit le scénario de Et pour quelques dollars de plus, et qui travaillera aussi avec Leone sur Il était une fois la révolution. Le tournage se déroule dans l'Espagne franquiste, et plus précisément dans cette région d'Almería évoquée par Serge Gainsbourg dans Initials B.B.

Durant la guerre de Sécession, trois mercenaire souhaitent récupérer un coffre rempli d'or.l'un d'entre eux se fait appeller Blondin, et il vient de livrer son partenaire Tuco, récupérant au passage la prime, pour finalement le sauver de justesse et repartir avec lui dans un État voisin, où il réitèrent l'arnaque. Le deuxième, Sentenza, est le premier à entendre parler du butin et à faire des recherches pour retrouver le détenteur de ce trésor, un soldat nommé  Bill Carson. Pendant ce temps, Blondin lâche Tuco en plein désert, lequel va vouloir se venger dès qu'il peut. Il parvient ainsi à rattraper son partenaire et le ramène à son tour en plein milieu de nulle part, s'apprêtant à le tuer. C'est alors que  Bill Carson passe par là et confie une confidence à Tuco, le cimetière où est enterré le coffre. Mais il ne révèle qu'à Blondin le nom de la tombe auprès de laquelle commencer les recherches, et meurt juste après. Inutile de dire que les deux compères vont devoir faire route ensemble, bon gré mal gré, pour mettre la main sur ce précieux objet.

Alors le Blondin du Bon, la brute et le truand c’est Clint Eastwood of course. Si on l’appelle le bon c’est que c’est sans doute le personnage le plus humaniste, en apparence. Non pas qu’il s’intéresse aux autres, tout ce qui compte pour lui c’est son profit personnel, mais il est sans doute celui qui comprend le mieux la nature humaine. Et c’est d’ailleurs ça qui va le sauver : il n’est pas le plus brutal des trois, mais c’est le plus malin. La brute, c’est Sentenza, alias le grand Lee Van Cleef, et qui devait au passage initialement être campé par un certain Charles Bronson. Avec un visage qu’on n’est pas prêt d’oublier de sitôt, il en impose face à ses adversaires grâce à son côté impitoyable et sadique. Enfin, celui qu’il aime faire souffrir, c’est le truand, Elli Wallach. Moins malin que le bon, masi quelque part touchant, il est en effet aussi plus fragile que la brute (cf. la scène où il retrouve son frère) mais il détient une information que les deux autres rêvent d’avoir : le nom du cimetière où est enterré le fameux trésor que tout le monde cherche.

Parce que c’est bien de ça dont il s’agit durant près de trois heures dans Le bon, la brute et le truand : récupérer un coffre contenant 200 000 dollars en lingots d'or. Les trois compères vont se tirer la bourre pendant tout se temps pour pouvoir récupérer sa part du butin (en essayant de blouser les deux autres, cela va sans dire). Mais s’il n’y avait que ça, ce serait trop facile : Sergio Leone ancre son intrigue en pleine guerre de Sécession, que les trois pistoleros méprisent totalement. D'ailleurs s'il sort en dernier, ce volet de la Trilogie des dollars est en fait un prequel, si l'on prend en compte la dimension temporelle dans laquelle son récit est ancré. Et le fameux Blondin se fait également appeler l'homme sans nom, c'est bien lui que l'on retrouvera comme protagonistes des autres films. Ainsi Leone construit-il une œuvre au travers de ses longs-métrages, et on sent qu'il en a conscience, tout comme Clint Eastwood peaufine-t-il la stature qui fera de lui une légende durant bien des années.

En tout cas la dimension historique n'est-elle pas la priorité de nos trois larrons : ils sont sudistes bien entendu, mais la réalité des combats leur est totalement étrangère. Confrontant soudain l’avidité personnelle à l’enjeu historique d’un pays en pleine guerre civile, Le bon, la brute et le truand n'hésite tout de même pas à montrer avec des images fortes l’horreur des combats. Mais rassurons nous, le final, mythique, et dont la mise en scène est tout à fait impressionnante, recentre l’histoire sur les destinées personnelles de nos protagonistes. La sublime musique d’Ennio Morricone, iconique et qui demeure un must dans la citation de bande originales autour des westerns, accompagne un fameux duel à trois (jouissif) et laissera repartir Clint Eastwood vers ses prochaines aventures d’homme sans nom. On ne compte pas le nombre de citations du film dans la culture pop, et la quantité de ses amateurs, auxquels figure bien sûr Quentin Tarantino, est incommensurable.

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