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L’ange ivre (1948) Akira Kurosawa

L’ange ivre (1948) Akira Kurosawa

Pubblicato 5 apr 2021 Aggiornato 5 apr 2021 Cultura
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L’ange ivre (1948) Akira Kurosawa

L’ange des maudits

Fait notable, L’ange ivre est le premier film réunissant ces deux grands du cinéma japonais que sont Akira Kurosawa et Toshiro Mifune. Le réalisateur en est alors à son huitième film et c’est le premier qui n’ait pas été censuré par les autorité. Mifune a quant à lui 28 ans et c’est son premier grand rôle au cinéma. S’ensuivront une collaboration prestigieuse, notons au débotté Chien enragé, Rashōmon ou bien encore Les sept samouraïs. Inutile de dire que c’est un film clé pour les deux protagonistes, et pour le cinéma japonais.

Sanada est un médecin scrupuleux et intègre. À l’inverse de son compagnon de faculté qui a choisi une voie plus lucrative, il exerce dans un modeste cabinet et soigne tout particulièrement les plus déshérités. Arrive un soir pour se faire consulter Matsunaga, un chef de clan redouté à Tokyo. En le soignant, Sanada va vite comprendre que Matsunaga est gravement atteint par la tuberculose. Sanada va tout faire pour le persuader à se faire soigner, alors que les confrères yakuza de Matsunata lorgnent déjà sur sa future succession.

C’est une sublime relation d’amitié virile qui nous est contée dans L’ange ivre. Les deux personnages sont fiers et intègres, pudiques surtout. L’un et l’autre ont un sens du devoir et de l’honneur qui les grandit. Sanada, dans son pessimisme forcé, ressemble au Japon de l’après guerre : à l’image de ces rues sales et ces décors en ruines, il se soûle pour masquer son désespoir et cherche malgré tout une lueur d’espoir coûte que coûte. Voilà pourquoi il insiste tant à soigner Matsumata, combat qu’il sait pourtant perdu d’avance. D’abord parce que le yakuza ne peut tout simplement pas se permettre la moindre faiblesse vis-à-vis de ses concurrents potentiels, et ensuite parce que sa maladie en est à un point tellement avancé qu’il serait vain de penser le sauver.

Et pourtant Sanada ne lâche rien, et il sera d’ailleurs gratifié en la personne de cette petite fille, ultime rayon de soleil qui va réussir à toucher le médecin. Dans ce duo magnifique, deux acteurs à la carrure exemplaire : Toshiro Mifune, excellent et pourtant au tout début de sa carrière. Est-il besoin de le dire, cet acteur était vraiment un des meilleurs de sa génération. À ses côtés Takashi Shimura, autre grand fidèle du réalisateur japonais, livre ici une prestation remarquable. L’ange ivre se démarque donc par son contexte, sa noirceur, la justesse de sa représentation du monde fermé des yakuza (c’est d’ailleurs l’un des premiers films qui aborde le sujet) et par une réalisation remarquablement maîtrisée du grand Akira Kurosawa. À consommer sans modération.

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